Le virage Voodoo de Térez Montcalm

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 02/05/2006 par Dominique Denis

Chaînon manquant entre Janis Joplin et Eartha Kitt, Térez Montcalm a toujours occupé une place à part sur la scène québécoise. D’abord séduits par cette voix râpeuse – le plus proche équivalent musical de la caresse d’une langue de chat – le public et les médias l’ont quelque peu délaissée tandis que s’estompait l’effet de surprise. Du coup, les plus récents albums de Térez n’ont pas connu le rayonnement escompté.

On peut donc voir en Voodoo un virage stratégique: réalisé par Michel Cusson (l’ancien guitariste d’UZEB et compositeur de moult bandes-son à succès) et lancé sur l’étiquette torontoise Marquis, qui donne majoritairement dans le classique et le soft jazz, l’album marque la première incursion de Térez Montcalm sur le marché anglo-canadien.

D’entrée de jeu, la reprise taquine de Love, le vieux succès de Nat Cole, donne le ton: on est ici en territoire jazz, où l’interprète dispose d’une plus grande marge de manœuvre, ce dont Térez semble vouloir profiter en redoublant de zèle dans le scat, les ports de voix et les libertés mélodiques. Ceux qui sont déjà acquis à sa cause seront curieux d’entendre la méthode Montcalm dans cet alliage de vieux standards (For Heaven’s Sake et I Wanna Be Around) et de morceaux empruntés au rock, tels Sweet Dreams des Eurythmics (revisité à la façon Peggy Lee) et même le Voodoo Chile de Hendrix, dans un habillage riche en guitares acoustiques.

Hormis la voix, l’effet d’ensemble n’est pas sans rappeler la palette de Norah Jones, qui a connu le succès que l’on sait dans le créneau que Térez cherche à occuper. Mais ceux qui demeurent réfractaires à ses charmes félins ne parviendront sans doute pas à faire abstraction de son arsenal de tics vocaux, qui donnent par moments l’impression que chez elle, la chanson est au service de l’interprète, et non l’inverse. Bref, peu importe le répertoire qu’elle marque de sa griffe singulière – et peu importe la langue et le public ciblés – Térez Montcalm n’a pas fini de polariser l’opinion.

Térez Montcalm sera au Montreal Bistro (65, Sherbourne), le mardi 9 mai à 20h. Billets: 10 $

Publicité

La femme est l’avenir du rap

En matière de culture hip hop, tout est fonction du regard posé sur le monde et du reflet que renvoie le stylo ou le micro: il faut que l’artiste connaisse son public et que le public se reconnaisse dans le propos de l’artiste. Même lorsqu’il s’adonne à la mythomanie gangsta, le rap demeure ancré dans la jungle urbaine (ou, dans le cas de la France, celle des banlieues) et s’adresse à une faune qui, paradoxalement, dénonce son exclusion tout en revendiquant sa marginalité.

Mais trop souvent, le rap à haute teneur en testostérone se contente d’offrir un miroir déformant, dans lequel les paumés de la zone et les ados en mal de modèles adoptent les traits du machisme et du matérialisme, perpétuant du coup cette spirale de violence dont ils devraient, selon toute logique, vouloir s’extirper. C’est dans cette optique que le rap au féminin devient non seulement une alternative salutaire, mais aussi une véritable nécessité.

Et c’est ce qui explique l’immense succès de Diam’s, cette «petite banlieusarde» qui déboule chez nous avec Dans ma bulle (EMI), un troisième album déjà écoulé à plus de 300 000 exemplaires en France.

Offrant sa fraternité, sa vulnérabilité et sa vision pluraliste en contrepoids aux discours de l’exclusion (tant celui de ses homologues que celui des politiques), Diam’s ne recule pourtant pas devant l’urgence d’appeler un chat un chat et un facho, un facho. Mais là où le rap au masculin aurait choisi l’invective à sens unique, elle prend le parti d’amorcer un dialogue, ne serait-ce que symbolique, avec l’ennemi, incarné en l’occurrence par la fille de Jean-Marie Le Pen, le porte-étendard de l’extrême droite française («Marine, t’es mon aînée et pourtant je ne te respecte pas/Il m’a fallu faire ce choix/Marine, tu pouvais briser la chaîne/Prendre la parole et nous rendre nos rêves»).

Reste à voir si ce discours profondément ancré dans la réalité hexagonale – avec ses références politiques ou culturelles et, bien sûr, son langage propre – saura trouver un écho favorable de notre côté de la mare.

Publicité

L’émotion en cruise control

Mario Pelchat est ce qu’il convient d’appeler un chanteur honnête, au même titre que Patrick Norman, dont il était question il y a quelques semaines. Mais c’est quoi, au juste, un chanteur honnête? Quelqu’un qui connaît et respecte son public, qui répond à ses attentes en faisant sien le vieil adage du showbiz américain, «Give the people what they want». Bon an, mal an, le chanteur honnête revient avec le refrain qui fait mouche, le tube d’été dont l’ubiquité agaçante ne fait que confirmer son sens inné de la formule pop.

Généralement snobés par les apôtres du bon goût et le public branché, les albums de Pelchat suivent une recette aussi prévisible qu’équilibrée. Ainsi, Le monde où je vais (Disques MP3 / EMI) est composé à proportions égales de ballades acoustiques et de rock pas trop tapageur, au service d’histoires d’amour et d’absolu qui collent parfaitement à cette image de gendre idéal que Pelchat cultive soigneusement depuis près d’un quart de siècle.

Bref, notre homme ne demande pas mieux que de continuer à flatter ses admirateurs – qui sont majoritairement des admiratrices – dans le sens du poil.

C’est là sa principale force, mais aussi sa principale tare: il n’est rien, dans le contenu et la facture de cet album, qui soit susceptible d’entraîner cette voix de baryton feutré en eaux troubles, qui fissure le vernis de la grosse production léchée, bref, qui introduise un élément de choc ou de véracité. Tout y est calculé au millimètre près, et il faut attendre l’entrée en scène de Maurane, le temps d’un duo sur Reste, de Paul Piché, pour que survienne quelque chose qui s’apparente à de la magie.

Mais dès ce moment passé, le navire Pelchat se remet en cruise control, préférant naviguer sur une mer de refrains sans remous ni réelles surprises.

Publicité

Y’a d’la joie!

Ce vendredi 12 mai, la vénérable Toronto Mendelssohn Choir bouclera de belle façon sa saison 2005-2006 en présentant à la Salle Roy Thomson trois œuvres axées sur le thème de la joie.

Ce sera l’occasion d’y découvrir The prophet: On Love, une première du compositeur canadien David Stone basée sur un poème de Kahlil Gibran, et la Cantate pour une Joie, de Pierre Mercure. Mais cette célébration de la joie se transformera en véritable banquet lorsque le chœur du TMC reprendra l’impérissable neuvième symphonie de l’ami Ludwig.

Billets: de 35 $ à 65 $ (416-872-4255)

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur