Chaînon manquant entre Janis Joplin et Eartha Kitt, Térez Montcalm a toujours occupé une place à part sur la scène québécoise. D’abord séduits par cette voix râpeuse – le plus proche équivalent musical de la caresse d’une langue de chat – le public et les médias l’ont quelque peu délaissée tandis que s’estompait l’effet de surprise. Du coup, les plus récents albums de Térez n’ont pas connu le rayonnement escompté.
On peut donc voir en Voodoo un virage stratégique: réalisé par Michel Cusson (l’ancien guitariste d’UZEB et compositeur de moult bandes-son à succès) et lancé sur l’étiquette torontoise Marquis, qui donne majoritairement dans le classique et le soft jazz, l’album marque la première incursion de Térez Montcalm sur le marché anglo-canadien.
D’entrée de jeu, la reprise taquine de Love, le vieux succès de Nat Cole, donne le ton: on est ici en territoire jazz, où l’interprète dispose d’une plus grande marge de manœuvre, ce dont Térez semble vouloir profiter en redoublant de zèle dans le scat, les ports de voix et les libertés mélodiques. Ceux qui sont déjà acquis à sa cause seront curieux d’entendre la méthode Montcalm dans cet alliage de vieux standards (For Heaven’s Sake et I Wanna Be Around) et de morceaux empruntés au rock, tels Sweet Dreams des Eurythmics (revisité à la façon Peggy Lee) et même le Voodoo Chile de Hendrix, dans un habillage riche en guitares acoustiques.
Hormis la voix, l’effet d’ensemble n’est pas sans rappeler la palette de Norah Jones, qui a connu le succès que l’on sait dans le créneau que Térez cherche à occuper. Mais ceux qui demeurent réfractaires à ses charmes félins ne parviendront sans doute pas à faire abstraction de son arsenal de tics vocaux, qui donnent par moments l’impression que chez elle, la chanson est au service de l’interprète, et non l’inverse. Bref, peu importe le répertoire qu’elle marque de sa griffe singulière – et peu importe la langue et le public ciblés – Térez Montcalm n’a pas fini de polariser l’opinion.
Térez Montcalm sera au Montreal Bistro (65, Sherbourne), le mardi 9 mai à 20h. Billets: 10 $