Historien et sociologue de réputation internationale, Gérard Bouchard est aussi romancier. Il vient de publier un troisième roman intitulé Uashat. C’est le nom d’une réserve indienne près de Sept-Îles et le lieu où est envoyé un étudiant en sociologie pour recueillir des statistiques et dresser un tableau de ces familles de Montagnais. Le journal tenu par cet étudiant, d’avril à octobre 1954, constitue le corps du roman.
Étudiant à l’Université Laval, Florent Moisan est un rouquin de 19 ans. D’origine modeste et à court d’argent, il a accepte l’offre d’un stage parmi les Indiens de Uashat. Il s’attend à un été studieux et paisible qui convient à sa nature fragile et timide. Mais dès son arrivée, c’est le choc. Quel étrange milieu! Qui sont donc ces gens? Ils ne ressemblent en rien aux «sauvages» dont on lui a parlé à la petite école.
Chaque porte que Florent réussit à ouvrir dévoile une réalité insoupçonnée, déroutante. Alors qu’il se voyait en observateur détaché, il devient malgré lui un acteur important et maladroit dans un enchaînement d’épisodes qu’il comprend mal.
Rien ne se déroule comme il l’avait prévu. Malgré lui, Florent est témoin d’une tragédie qui frappe la communauté. Il voit tous ces Blancs venus en masse chercher du travail à Sept-Îles, il voit la ville grossir, «mais il y a ces sauvages à côté. Alors on voudrait les déplacer, encore une fois.» Nous sommes en 1954, dans un Québec confronté à des tensions qui l’obligent à se réinventer. Nous sommes aussi en présence d’une communauté montagnaise menacée de disparition, animée elle aussi par une sourde révolte… qui n’aura rien de tranquille.
Tout au long du roman, Bouchard fait vivre des personnages finement ciselés et fortement animés qui nous font vivre avec une extraordinaire émotion l’ampleur d’un drame sociétal.