Aravind Adiga est un jeune écrivain de l’Inde, qui s’est fait remarquer dès la publication de son premier roman, The White Tiger, en 2008. Il a remporté le Booker Prize, équivalent anglais du prix Goncourt. Son ouvrage a récemment été traduit en français et Le Tigre blanc est aussitôt devenu un success-story en présentant une Inde crasse et un anti-héros impertinent. On se croirait dans Slumdog Millionnaire!
Le tigre blanc du titre est Balram Halwai, un enfant à l’intelligence aussi rare que ce félin exceptionnel. Il vit à Bihar, village misérable où il n’a pu terminer ses études secondaires. Employé dans une de ces innombrables petites échoppes de thé qui essaiment le long des routes en Inde, il doit son salut à l’un de ces nouveaux riches qui lui propose de devenir son chauffeur à Delhi. Balram Halwai est le narrateur du Tigre blanc et il le fait en écrivant une longue lettre (320 pages) à Wen Jiabao, Premier ministre de la Chine, qui se prépare à visiter l’Inde.
L’auteur n’hésite pas décrire les côtés moins reluisants de son Inde natale. Il écrit que son pays est dépourvu «d’eau potable, d’électricité, de système d’évacuation des eaux usées, de transports publics, d’hygiène, de discipline, de courtoisie et de ponctualité». Mais il ajoute, du même souffle, que l’Inde possède des entrepreneurs. Balram Halwai, vous le devinez bien, va devenir un de ces entrepreneurs.
Balram sait que, selon la loi infaillible dans l’Inde des pauvres, «les bonnes choses se transforment en mauvaises choses. Et vite.» Il veut sortir de la couche majoritaire des affamés, des éclopés et des laissés-pour-compte. Balram sait qu’il en a le potentiel puisqu’il a la capacité d’écouter: «je ne suis pas un esprit original, mais je suis un auditoire attentif».
Dès qu’il quitte la petite échoppe de thé à Bihar pour devenir chauffeur à Delhi, Balram est ébloui par les feux brillants de l’Inde récente des nouveaux entrepreneurs. Pour y accéder, le brillant et fidèle serviteur doit basculer dans le vol et le crime innommable, pour finir dans l’Entreprise.