Le tableau devient l’objet

Les Plasticiens, Montreal and Beyond – Les Plasticiens et les années 50, 60

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Publié 07/05/2013 par Guillaume Garcia

Le Musée national des beaux-arts du Québec et la Varley Art Gallery Of Markham se sont associés dans la mise en place de l’exposition Les Plasticiens et les années 1950-1960, une exposition visant à faire connaître l’histoire artistique canadienne au plus grand nombre. Regroupant plus de 70 œuvres – principalement des peintures, mais aussi des œuvres sur papier et quelques sculptures, de même que des documents d’archives –, cette exposition est la toute première consacrée aux enjeux du mouvement plasticien, tels qu’ils se sont manifestés à Montréal entre 1955 et 1970. Roald Nasgaard a été en charge de choisir les œuvres et d’écrire le livre d’exposition. Il était mercredi dernier à la galerie Gavik, dans Yorkville pour présenter l’exposition.

Des «Plasticiens»…

Dans la foulée de la révolution provoquée par les Automatistes à la fin des années 1940, une seconde véritable avant-garde apparaît rapidement à Montréal.

En 1955, un premier groupe d’artistes – Jauran (Rodolphe de Repentigny), Louis Belzile, Jean-Paul Jérôme et Fernand Toupin – exposent au café-restaurant l’Échourie et s’affichent alors comme «Les Plasticiens».

À cette occasion, ils publient un manifeste dans lequel, en réponse à l’élan spontané de l’écriture automatiste, ils proclament la nécessité d’une abstraction géométrique principalement axée sur l’épurement et l’agencement des éléments plastiques.

Cette approche esthétique recoupe la réflexion menée en parallèle par Fernand Leduc, poursuivant sa quête d’un ordre géométrique strictement déterminé par un rapport d’équilibre entre ses différentes composantes formelles. Le tableau devient également un objet à part entière et non un medium de représentation d’objets.

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«C’est la première fois qu’on essaie de rassembler toute l’histoire des Plasticiens et de coucher sur papier cette période de l’histoire artistique canadienne.

Il y avait déjà de la peinture très colorée dans ces années-là, mais ces peintres de Montréal ont vraiment donné une articulation particulière à ce style de peinture. C’est un fait marquant et très important de l’histoire artistique canadienne», explique Roald Nasgaard.

Selon le curateur de l’exposition, souligne qu’avant les Plasticiens, il n’y avait pas de véritable histoire artistique à Montréal.

L’influence des peintres était surtout française, mais ils ont été les premiers à voir la concurrence avec New York et les peintres de l’Amérique du Nord.

«Selon moi, ça a été plus courageux que tout ce qui s’est fait à cette époque dans le monde. C’était un véritable saut vers l’inconnu. »

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Dès 1956, Guido Molinari et Claude Tousignant ont radicalisé le propos des Plasticiens. Avec Jean Goguen et Denis Juneau, on les identifie rapidement comme le second groupe des Plasticiens.

Au «post-Plasticiens»

Au tournant des années 1960, Molinari et Tousignant ont poussé plus loin encore leur démarche par l’utilisation de la couleur pure comme élément structural, comme une source d’énergie commandant une forte activité visuelle de la part du regardeur; un concept «post-Plasticien», dont les fondements sont partagés et réinterprétés respectivement par Yves Gaucher et Charles Gagnon.

Cela se produit dans un contexte où la pratique du hard-edge est au centre d’un plus large débat sur la scène nord-américaine, voire internationale, avec les premières manifestations de l’abstraction post-picturale, du Op Art et du minimalisme.

L’exposition Les Plasticiens et les années 1950-1960 met en lumière cette étape marquante de l’histoire de la peinture abstraite au Québec, afin de mieux en cerner la portée à l’échelle internationale.

À propos de l’exposition, Roald Nasgaard dit que pour apprécier le travail des Plasticiens, il faut oublier tout ce qu’on a vu avant. Les couleurs, les formes, les lignes et les remplissages constituent à eux seuls des raisons de se poser des questions.

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Un voyage sans fin

«Dans une expo intitulée «L’art abstrait», il y avait un tableau posé au sol. Il devait être vu comme ça. Finalement la galerie l’a accroché, mais la vision de l’artiste était que le tableau ne devait plus être une image, mais faire partie de la pièce», indique-t-il.

Étudiant à l’Université de Colombie-Britannique, il connaît tous ces artistes, qui ont percé pendant qu’il suivait ses études. Mais ce n’est que plus tard qu’il commence à s’intéresser aux Automatistes et de fil en aiguille aux Plasticiens. Il a proposé d’organiser une exposition retraçant leur travail au Musée national des Beaux Arts du Québec, qui a ensuite lancé un partenariat avec la Varley Art Gallery Of Markham.

«Tous ces peintres étaient oubliés. Des fois on pensait même de plus avoir de tableaux d’eux. Un mouvement en chasse un autre et les Plasticiens étaient tellement puissants qu’ils n’ont laissé que des miettes aux autres artistes qui voulaient suivre leurs traces. Tout avait été fait en quelque sorte. En plus pour eux, leur peinture était des voyages sans fin, qui ne représentait pas un moment figé», avance le curateur.

Roald Nasgaard espère que le public qui verra l’exposition connaîtra un peu mieux un des grands mouvements artistiques canadiens qui est «arrivé là sans crier gare». «Eux-mêmes ne savaient pas comment ils en étaient arrivés à faire ça. Ils ont dû faire le chemin à l’envers avant de comprendre ce qu’ils faisaient et pousser la réflexion plus loin.»

À vous maintenant de pousser vos connaissances plus loin.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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