Le secret d’un moine, premier film d’Yves Étienne Massicotte

Les moines attendent 
la relève

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Publié 20/10/2009 par Vincent Muller

Créé dans l’abbaye québécoise de Notre-Dame-du-Lac à Oka, vers 1890, par un moine trappiste venu de France, le fromage Oka est issu d’une tradition qui remonte au 11e siècle. Il est aujourd’hui toujours fabriqué de manière artisanale au monastère Notre-Dame-des-Prairies, au Manitoba. Pour son documentaire Le secret d’un moine, son premier film diffusé la semaine passée à la médiathèque de l’Office national du film (ONF), Yves Étienne Massicotte, le présentateur des soirées cinéma à TFO, a suivi le quotidien des derniers héritiers de cette tradition durant quelques jours.

Le monastère Notre-Dame-des-Prairies est le seul endroit où le fromage Oka est encore produit artisanalement, selon la recette ancestrale conservée par les moines trappistes.

Les détails de cette recette sont notés dans un cahier que le frère Albéric conserve comme un trésor, s’efforçant de perpétuer ce savoir faire dans un rituel quotidien.

Alors que les moines sont de plus en plus âgés et de moins en moins nombreux, plus qu’une douzaine actuellement, les craintes de voir la fabrication artisanale du fromage d’Oka s’arrêter se font sentir au sein de la petite communauté.

Yves Étienne Massicotte avait retrouvé la saveur du fromage d’Oka dans les années 1990 en faisant ses courses au marché Saint-Laurent. Il envisageait déjà à cette époque faire un reportage pour TFO sur cette saveur qu’il pensait disparue, mais ceci n’a pas pu se faire.

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Quelques années plus tard, alors que l’idée de passer derrière la caméra le démangeait, en apprenant que l’une de ses collègues, Anne-Marie Rocher, quittait la chaîne pour devenir productrice au Studio Ontario et Ouest de l’ONF il a décidé de lui soumettre l’idée de documentaire sur le fromage d’Oka .

Après des recherches préliminaires qui ont duré près de 10 mois, Yves Étienne Massicotte, s’est imprégné du rythme lent et de l’ambiance de recueillement de la vie monastique le temps d’un tournage qui s’est étalé sur cinq jours. «J’y étais allé deux fois avant de venir pour le tournage», explique-t-il, «pendant le tournage on devait vivre à leur rythme, manger en même temps… la seule chose qu’on n’a pu éviter est de se lever en même temps! Ils se lèvent à 3h30 du matin et prennent leur petit déjeuner à 5h, on n’était pas obligé de faire pareil!».

Selon le réalisateur, découvrir la vie des moines n’est pas trop compliqué, dans la mesure où ils sont très ouverts et où il est dans leur devoir d’accueillir tous les étrangers qui se présentent au monastère.

Cependant tourner dans un tel lieu, demande de respecter l’atmosphère qui y règne: «On n’arrivait pas à n’importe quelle heure pour tourner, on demandait avant et on essayait de se faire le plus discret possible et de respecter les lieux où l’on ne doit pas parler».

Le résultat est un documentaire qui retransmet le contraste entre la vie de recueillement au monastère et le monde extérieur, un monde où règne une course à la productivité empêchant la préservation de certains savoir-faire comme celui de la fabrication de ce fameux fromage d’Oka.

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Ce film peut donner l’impression que l’on arrive à la fin d’une tradition, avec le secret de fabrication du fromage d’Oka, qui risque de ne pas se transmettre.

Mais il apporte aussi une lueur d’espoir avec le jeune frère Angelo, arrivé au monastère il y a peu de temps, qui semble s’investir dans sa tâche. «Même si certains sont trop malades pour se déplacer, ils ont le sens de l’espérance, ils sont positifs, ils ne donnent pas l’impression qu’on est à la fin de quelque chose», assure le réalisateur.

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