Le «porte-parole de la Terre» à la TFS

Yann Arthus-Bertrand a visité le ravin de la TFS, un projet du club de l'environnement animé par Josette Bouchard.
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Publié 24/04/2017 par Darnace Torou

Cette année, la célébration de la Semaine de la Terre a revêtu un éclat particulier et demeurera un événement dans la mémoire collective de la Toronto French School, en raison de la visite d’un monument de l’écologie, Yann Arthus-Bertrand, invité par le Club Globe de l’enseignante Josette Bouchard-Muller.

La Semaine a commencé par une séance de plantation de fleurs, suivie d’un coloriage d’espèces en voie de disparition. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, 42% des amphibiens, 13% des oiseaux et 25% des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial, essentiellement en raison de la destruction de leurs habitats par le développement agricole, industriel ou urbain.

Engagé au service de la Terre.

«Je détestais l’école quand j’étais enfant!» C’est la boutade lancée parYann Arthus-Bertrand aux administrateurs, enseignants, élèves, parents et amis venus nombreux à la TFS s’abreuver à la source écologique!

Photographe, reporter, réalisateur passionné du monde animal, sa première grande aventure a été de partir avec son épouse Anne vivre au Kenya dans le parc national Massaï Mara pour étudier le comportement d’une famille de lions qu’il photographie pendant trois ans.

Il en comptait les moustaches, raconte-t-il, malicieusement, et connaissait les temps forts de la vie du roi de la brousse africaine! La thèse de doctorat qui en sortira sera faite moitié de photographies, moitié de texte. C’est le début d’une vocation quasi sacerdotale. Pendant une décennie, il sillonne le monde, photographiant les humains et les animaux.

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Précurseur, il crée Altitude, la première agence de presse et banque d’images de photographie aérienne du monde. Pour Yann Arthus-Bertrand, le monde est une œuvre d’art!

Son grand projet photographique sur l’état du monde et ses habitants, intitulé La Terre vue du ciel, visait à «témoigner de la beauté du monde et tenter de protéger la Terre». Ce projet donne naissance à un livre du même nom, qui sera un phénomène de l’édition: plus de 4,2 millions d’exemplaires vendus en 27 langues!

L'enseignante Josette Bouchard et Yann Arthus-Bertrand.
L’enseignante Josette Bouchard et Yann Arthus-Bertrand.

Une œuvre qui interpelle

Yann Arthus-Bertrand a évoqué Human, son homérique documentaire qui, selon le synopsis, «nous confronte à l’Autre et nous renvoie à notre propre vie, (….) de la plus petite histoire du quotidien jusqu’aux récits de vie les plus incroyables, ces rencontres poignantes et d’une sincérité rare mettent en lumière ce que nous sommes, notre part la plus sombre mais aussi ce que nous avons de plus beau et de plus universel».

Il a parlé de personnes exceptionnelles, comme l’ancien président de l’Uruguay, Jose Mujica, connu pour son style austère et ses discours contre la société de consommation et le gaspillage. Il a souligné le combat de cet homme, emprisonné, battu et humilié, mis à l’isolement durant neuf ans, avec pour seule compagnie des insectes!

Il a consigné des témoignages montrant les angoisses des personnes agressées par la pauvreté, n’ayant pour seul recours qu’une terre qui ne produit plus car dépouillée de tous ces nutriments! Ou encore du cri de détresse de cette femme opprimée tout simplement parce qu’appartenant à une caste inferieure!

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La parole libère

Dans son film, Yann Arthus-Bertrand a donné la parole aux femmes qui représentent 70% des personnes les plus pauvres et les deux-tiers des 900 millions d’analphabètes. À ces femmes forcées de vendre leur humanité car devenues de simples marchandises subissant la loi du désir et de la voracité monétaire d’autres «humains».

Parmi les spectateurs, on a senti l’émotion, étouffée par un mouchoir, la colère retenue exprimée par un secouement de la tête.

On comprend aisément le thème de son prochain film, Woman, attendu en 2019. Gageons que cette lumière crue jetée sur la moitié silencieuse et résiliente de l’humanité apportera une nouvelle prise de conscience et stimulera des changements.

Yann Arthus-Bertrand à la TSF.
Yann Arthus-Bertrand à la TSF.

Filmer le monde

La journée du 21 avril à la TFS a été consacrée à la projection de son film Home – son documentaire sur l’état de la Terre vue du ciel – suivie d’une discussion avec les élèves. Home veut montrer la pression que l’homme fait subir à l’environnement et le climat.

Les thèmes abordés sont tous en relations avec l’environnement: le manque d’eau, la déforestation, la fonte des glaces ou encore l’épuisement des ressources naturelles.

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La couleur est annoncée dès le début, en ces termes: «Écoutes-moi, s’il te plait! Tu es comme moi, un homo sapiens, l’homme qui pense. La vie, ce miracle est arrivé, il y a presque 4 milliards d’années, et nous les hommes il y a seulement 200 000 ans. Et pourtant, nous avons réussi à bouleverser cet équilibre qui est essentiel à la vie sur terre…»

Home fut le premier film à sortir le même jour dans 181 pays et sur tous les médias.

Un auditoire captivé à la TSF.
Un auditoire captivé à la TSF.

Passer le flambeau aux jeunes

En écologiste engagé et en pédagogue avisé, dans un dialogue de «papa-enfant», Yann Arthus-Bertrand a eu un échange enrichissant avec les jeunes. Il a répondu sans détour, ni faux-fuyant, partagé des anecdotes: celle du séjour chez les gorilles de Diana Fossey (assassinée en 1985) au Rwanda.

Il raconte que ces animaux n’ont pas peur de l’homme et n’aiment être regardés dans les yeux. Il dit avoir reçu une grosse claque d’un jeune mâle dominant, qui voulait s’affirmer pendant l’absence du chef, ce qui a eu l’avantage de le guérir de douleurs de dos consécutives à un accident! Bang! Miracle, vertèbres remises en place!

Sous tous les angles, les documentaires de Yann Arthus-Bertrand sont un tour du monde de la misère, de la lutte, de résilience … et de l’espérance, insufflant aux jeunes un grain à moudre en rappelant qu’il avait 71 ans mais qu’il continuerait à se battre pour une meilleure Terre.

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Une Terre qu’il aime car, rappelait-il en 2006, «la Terre est forte, la Terre est belle», rejoignant en cela Confucius pour qui «choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie».

Le message est lancé aux jeunes d’en faire un leitmotiv. Ils devraient aussi comprendre, avec Albert Jacquard, que «désormais, la solidarité la plus nécessaire est celle de l’ensemble des habitants de la Terre».


À lire aussi dans L’Express: L’humanité dans l’oeil de Yann Arthus-Bertrand

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