Le plus romantique des opéras de Mozart

Idomeneo, re di Creta à la Canadian Opera Company

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Publié 25/05/2010 par Annik Chalifour

La Canadian Opera Compagny propose l’opéra Idomeneo, re di Creta de Wolfgang Amadeus Mozart, considéré comme le premier des opéras de la maturité du compositeur, au Four Seasons Centre for the Performing Arts jusqu’au 29 mai: une coproduction avec l’Opéra national du Rhin.

Lorsque Mozart écrit Idomeneo, il n’a que 24 ans. Le musicien a composé l’œuvre à la demande du Prince Électeur Karl-Theodor de Bavière pour le carnaval de Munich en 1781. Il s’agit d’un opera seria en trois actes créé sur un livret en italien de l’abbé Giambattista Varesco, chapelain de cour du Prince Archevêque de Salzbourg, et directement inspiré du mythe antique d’Idoménée.

Idoménée, roi de Crète, ayant fait vœu lors d’un naufrage, de sacrifier le premier homme qu’il rencontrerait, se voit dans l’obligation de condamner à mort son fils Idamante, aimé de la princesse troyenne Ilia.

Le roi essaie de faire échapper Idamante au supplice, mais le dieu de la mer Neptune, irrité, envoie un monstre marin pour dévaster le pays. Résigné à sacrifier son fils, le roi voit arriver Ilia, prête à mourir avec celui qu’elle aime. Touchés, les dieux accordent leur grâce et les hommes entonnent un hymne de joie et de reconnaissance.

Oublié au XIXe siècle, Idomeneo doit attendre le XXe siècle pour retrouver les faveurs de la scène. L’œuvre ne fait son entrée à l’Opéra national de Paris qu’en juin 1987, sous la direction de Christopher Hogwood.

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Pour cet opéra, Mozart s’est inspiré du modèle de la tragédie lyrique française réformée par Glück. Il renouvelle ainsi son langage musical axé sur la profondeur psychologique d’une intrigue centrée sur une relation père-fils placée sous le signe de la fatalité.

C’est aussi une œuvre dans laquelle Mozart a mis beaucoup de lui-même: l’affrontement entre le père et le fils dans le livret ne pouvait que lui rappeler celui qu’il vivait avec son propre père, d’une part, et avec Colloredo, l’Archevêque de Salzbourg, de l’autre.

L’opéra, très applaudi, fait revivre les personnages de la tragédie antique dans une mise en scène au décor sobre, mais rehaussé par un jeu de lumières remarquable qui accentue le règne des dieux tout puissants sur la destinée des hommes.

En plus des effets spéciaux de l’éclairage, le merveilleux choeur de la COC souligne avec intensité l’acharnement de la fatalité sur un peuple affligé par la guerre et le déchirement d’un père qui ne peut se résoudre à commettre l’infanticide, mais aussi le triomphe de l’amour et de l’innocence.

Mercredi 19 mai, les rôles principaux étaient magnifiquement interprétés par Michael Colvin (Idomeneo), Laura Albino et Simone Osborne (Ilia), Ileana Montalbetti (Elettra) en compagnie du maestro Harry Bicket. François de Carpentries en est le directeur artistique. Erin Fisher, mezzo-soprano, interprétait le rôle masculin de Idamante, reflétant un type de chanteur très en vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles désigné sous le terme de castrat.

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L’exceptionnelle qualité des castrats d’opéra venait de la particularité de leur timbre très brillant, mais aussi de leur vocation précoce: entrés très jeunes dans des écoles spécialisées, les castrats étudiaient pendant huit ou dix ans la composition musicale, le jeu des instruments et le chant, avec une persévérance inconnue des autres types d’interprètes.

Les castrats étaient appelés à interpréter tant les rôles masculins que féminins.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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