Le petit chaperon rouge à la galerie Céline Allard

Le cheminement identitaire d’Isabelle Mignault

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Publié 10/03/2009 par Khadija Chatar

«Qui est le loup du Petit chaperon rouge? Je crois qu’il s’agit du changement, de l’effroyable inconnu. Qui est la grand-mère aux traits parfois méconnaissables? C’est la culture ancestrale, la culture transmise dans nos familles, une culture telle qu’on l’imagine par le biais des chansons et des histoires qui nous sont racontées», définit Isabelle Mignault, samedi dernier, lors du vernissage de son exposition intitulée Le petit chaperon rouge – an inherited narrative qui se tient à la Galerie Céline Allard du Centre francophone jusqu’au 20 mars.

Très original, pour mettre en place cette exposition, l’artiste-née de parents québécois a utilisé judicieusement l’espace mis à sa disposition. Dès l’entrée, des draps de papiers aux dessins de troncs d’arbres accueillent les visiteurs; des estampes pendues qui rappellent la fraîcheur d’un linge séchant au vent.

Devant chaque tronc est dessiné un seau. Il s’agit de vieilles «chaudières» qui remémorent le processus d’extraction de la sève des écorces d’érables à sucre. En traversant le bois d’Isabelle Mignault, on rencontre un banc qui appelle à nous y asseoir et là devant, un écran dans lequel on voit les mains de l’artiste.

Installée confortablement sur un sofa, elle confectionne avec dextérité une poupée à trois têtes (le Chaperon rouge, le loup et la grand-mère) sous la mélodie d’une vieille chansonnette québécoise Bien vite c’est le jour de l’an de la Bolduc.

Accrochées au mur des cartes postales, une «godendansse»–les vieilles scies des bûcherons d’avant la révolution industrielle– sont d’autres éléments éparses qui invitent le spectateur à reconstituer l’univers d’Isabelle Mignault.

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La fascination de cette dernière pour le conte du Petit chaperon rouge l’est surtout pour l’un de ses personnages: son loup. «Il représente la mortalité, le vulnérable, le changement et la possibilité qu’il peut y avoir, non pas une perte d’identité, mais une transformation à laquelle on ne s’attendait pas», dit-elle.

Cet animal symbolique, Isabelle Mignault en aurait déjà croisé un. «C’était il y a plusieurs années dans les cantons de l’Est, à Tingwick. Il était blanc et argenté. Incroyable, je n’ai pas eu peur.» Une exposition qui se veut une recherche identitaire de l’artiste, et une piste réflexive aux autres visiteurs qui se sentent dans un perpétuel chevauchement culturel.

«J’essaye d’amener les autres dans un espace psychologique, à se mettre dedans, à voir les indices que je donne à la culture pour qu’ils aient une réflexion sur la leur.»

Le titre de l’exposition est aussi un clin d’œil à la première garderie de langue française qui a ouvert ses portes grâce à la mobilisation de plusieurs parents dont ceux de l’artiste. «Il y a donc une résonnance personnelle, cette exposition traite avant tout de la francophonie à Toronto et des symboles qui en font une identité complexe», conclut-elle.

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