Le nombre 12, magie du temps

Janvier. Chasseurs dans la neige, Pieter Brueghel l'Ancien, 1565.
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Publié 21/04/2019 par Gabriel Racle

Il semble qu’il ne soit pas très facile d’expliquer pourquoi nous avons des années comptant 12 mois. Et il ne semble pas exister d’histoire claire et précise concernant ce sujet pourtant intéressant.

Mésopotamie

Pour comprendre l’histoire de cet héritage, il faut remonter sinon à la nuit des temps, du moins à l’histoire de la Mésopotamie antique, où le nombre 12 avait une valeur toute spéciale, une valeur magique.

Si pour les mathématiciens modernes, 12 est un nombre parfait, 12 était un nombre «sublime» pour reprendre l’adjectif d’un collègue. En effet, dans le système sexagésimal de calcul mésopotamien, 12 divisait 60 tout en étant divisible par 2, 3 et 4, d’autres valeurs privilégiées du système.

Juin, extrait des Très Riches Heures du duc de Berry (vers 1410-1416 puis années 1440), musée Condé, Chantilly.

Astrologie

À partir du IIIe millénaire avant notre ère, les peuples polythéistes de cette région vont s’efforcer de décrypter la signification des astres, pour connaître le sort que leur réservent les divinités, car il existe une assimilation entre divinités et astres, l’astrologie, qui devient ainsi un instrument du pouvoir politique.

Un récit mythique mésopotamien de la fin du IIe millénaire, l’Enouma Elish, ou épopée de la création, raconte que lorsque les divinités créèrent le monde, Mardouk, le grand dieu de Babylone, a installé et organisé les astres dans le ciel.

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«Il créa les stations [célestes] pour les grands dieux, il dessina les étoiles, leurs équivalents astraux, en constellations, il définit l’année, dressa les frontières, et pour chacun des douze mois, il installa trois étoiles. Une fois qu’il eut dessiné le plan pour l’année, il fixa la station de Neberou [méridien] pour définir leurs limites…»

Août, extrait des Très Riches Heures du duc de Berry (vers 1410-1416), musée Condé, Chantilly).

Le zodiaque

Du fait des progrès considérables accomplis dans la connaissance du ciel et de ses composants, les Babyloniens mettent au point la sphère zodiacale.

Tous les ans, le soleil décrit dans le ciel une trajectoire nommée «écliptique». Les astrologues constatent que les planètes évoluent de part et d’autre de l’écliptique: ils nomment cet espace «zodiaque» («cercle des animaux»).

Puisque le soleil met un an à parcourir le zodiaque, ils divisent ce dernier en douze parties, chacune étant représentée par un animal ou un être – réel ou mythique

Les mois

Mais cette division du temps en 12 mois repose aussi sur une observation astronomique: les quatre phases de la lune sur 28 jours ou sur 19.

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Au cours d’une année solaire, il y a 12 phases lunaires: 12 mois de 28-29 ou parfois 30 jours, selon les régions.

Il manque donc quelques jours pour avoir une année solaire complète. On introduit de temps à autre un «mois intercalaire» pour faire une mise à jour.

Fin septembre, le soleil se couche.

Modernisation

Le calendrier hérité de la Mésopotamie avait besoin d’une sérieuse mise au point, comme l’explique l’article «De temps en temps» de L’Express du 2 octobre 2017.

Le calendrier julien, imposé par Jules César en 46 av. notre ère, remplace le calendrier alors en vigueur, mais il est lui-même remplacé par le calendrier grégorien conçu à la fin du XVIe siècle pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien.

Il porte le nom de son instigateur, le pape Grégoire XIII. Mais c’est l’astronome Luigi Lilio qui l’a établi, en insérant une journée bissextile tous les 4 ans.

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Et les mois s’envolent comme des papillons au souffle du temps (adaptation de Sarah M.P.)

Les noms

Mais d’où viennent les noms des 12 mois de notre calendrier?

Janvier provient du nom du dieu Janus, dieu des portes en latin, ou des passages et des commencements dans la mythologie romaine, représenté avec deux visages opposés, car il regarde l’entrée et la sortie, la fin et le début d’une année.

Février vient du verbe latin februare «purifier». Février est donc le mois des purifications.

Mars: le nom du dieu romain de la guerre.

Avril, du latin aprilis «avril» pourrait avoir la signification d’«ouvrir», car c’est le mois où les fleurs s’ouvrent.

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Mai provient du nom de la déesse Maïa, l’une des sept sœurs, filles d’Atlas et de Pléioné, qui forment les Pléiades, et mère de Mercure.

Juin vient d’un nom probablement donné en l’honneur de la déesse romaine Junon.

Juillet vient peut-être du latin Julius donné en l’honneur de Jules César, né dans ce mois, réformateur du calendrier romain.

Août honorerait l’empereur Auguste.

Les mois de septembre, octobre, novembre et décembre tirent leur nom de leur position dans le calendrier romain: septième, huitième, neuvième et dixième mois.

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Un an, 12 mois, 52 semaines, 365 ou 366 jours: c’est un voyage de notre planète autour de notre étoile, le soleil.


Poème d’Octave Aubert: Les douze mois

Voici les douze mois,

Ils marchent trois à trois !

Avec son chapeau blanc de neige,

Janvier mène le cortège.

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Et février sur le même rang,

A honte d’être si peu grand.

A ses côtés ; c’est mars, fantasque,

Le nez mouillé par la bourrasque.

Voici les douze mois,

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Ils marchent trois à trois !

Admirez avril qui s’avance,

Son bonnet de fleurs se balance.

Mai, joyeux, lui donne le bras,

Vêtu de rose et de lilas,

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Et juin, les tempes vermeilles

A des cerises aux oreilles.

Voici les douze mois,

Ils marchent trois à trois !

Sur le chemin sec, juillet trotte,

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Il a du foin dans chaque botte,

Août s’en va couronné de blé

Et par la chaleur accablé.

Et septembre titube et joue

Avec des grappes sur la joue.

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Octobre porte sur la tête

La pomme à cidre et la noisette.

Novembre, dans ses maigres bras,

Tient un tas de vieux échalas,

Et décembre ferme la marche,

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Triste et froid comme un patriarche !

Salut les douze mois

Qui marchent trois à trois !

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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