Le Nobel du recyclage… des cellules

Le biologiste Yoshinori Ohsumi
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Publié 04/10/2016 par Agence Science-Presse

Le biologiste Yoshinori Ohsumi, de l’université de Tokyo, a remporté lundi 3 octobre le prix Nobel de médecine 2016 pour ses travaux sur la façon dont les cellules recyclent leur contenu. Ou, comme l’expriment moins pudiquement les chercheurs, la façon dont elles dévorent leurs propres restes pour survivre.

Twitter étant ce qu’il est, des petits facétieux n’ont pas manqué l’occasion. «Accorder un Nobel pour des cellules qui s’entre-dévorent semble être une parfaite métaphore de 2016», a écrit Ed Yong.

Les parieurs semblaient prendre au sérieux les prédictions qui gravitaient autour de CRISPR/Cas9, cette technologie permettant de manipuler les gènes avec une précision inégalée. Mais les prédictions sur les Nobel ont un très faible taux de réussite. La liste Thomson Reuters comptait par exemple 24 noms cette année: Yoshinori Ohsumi n’y figurait pas.

Outre cela, le Comité Nobel a la réputation d’attendre des années, voire des dizaines d’années, avant d’attribuer un prix. Ohsumi a développé son travail sur l’autophagie dans les années 1990.C’est au moins la cinquième fois dans l’histoire récente que les gagnants doivent leur Nobel, entièrement ou en partie, à ce champignon microscopique: le système de transport cellulaire (2013), les télomères (2009), la polymérase de l’ARN (2006, mais un Nobel de chimie) ou le cycle de division des cellules (2001). Il faut dire que nous avons beaucoup en commun avec la levure — du moins, au niveau cellulaire.

Le mot «autophagie» vient du grec (phagie : manger ; auto : soi-même) et a été employé pour la première fois en 1963 par le biochimiste belge Christian de Duve, qui a observé comment les cellules déchiquetaient leurs propres structures internes dans une «poubelle» qu’il a appelée le lysosome.

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Ce sont les expériences d’Ohsumi qui ont démontré qu’il ne s’agissait pas d’une poubelle, mais d’un sac de recyclage. Les cellules se «cannibalisent» pour rester en santé, résister aux infections et peut-être même combattre le cancer. Le dysfonctionnement de ce processus a été associé à des maladies aussi diverses que le Parkinson et le diabète de type 2.

 

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