Le Larousse se dédouble

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Publié 14/10/2008 par Martin Francoeur

J’ai souvent dit dans ces pages que le Robert était mon dictionnaire privilégié pour toutes sortes de raisons. L’une d’entre elles est le fait qu’il a toujours séparé, en deux volumes, les noms communs et les noms propres. Évidemment, chacun de ces ouvrages devenait un outil de référence très complet. Le dictionnaire de la langue française nous présentait des expressions, des citations, des informations étymologiques pour chaque entrée. Voilà que le Larousse, en plus de nous revenir, complètement renouvelé pour son édition 2009, se dédouble.

Larousse propose en effet un Dictionnaire des noms communs de 1500 pages, qui ne se consacre qu’aux mots de la langue française. On l’appelle Dictionnaire des noms communs, mais on retrouve évidemment les verbes, les adverbes, les déterminants, les adjectifs et autres mots du langage. Exit les noms propres.

Au total, ce sont 85 000 mots et locutions qu’on y retrouve. L’ouvrage conserve ce qui le distingue du Robert: les illustrations et les encadrés.

Mais qu’on se le tienne, cette opération ne donne pas de réelle plus-value au contenu, qui demeure essentiellement le même que celui du Petit Larousse. Les définitions sont brèves, les nuances de sens sont moins nombreuses, les citations sont rares et les informations étymologiques sont aussi concises. Les encadrés offrent toutefois des informations encyclopédiques qui sont souvent intéressantes.

Difficile de dire quelle place pourra se tailler le Larousse des noms communs dans la bibliothèque des consommateurs ou des amateurs de dictionnaires. Chose certaine, l’ouvrage, quoique bien fait, ne remplacera pas le Petit Larousse dans le cœur et dans la bibliothèque de bien des gens.

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Parlant du Petit Larousse, la version 2009 nous est arrivée avec son lot de mots et de sens nouveaux. C’est ce qui fait la force du Larousse: un renouvellement plus dynamique, une meilleure fidélité à l’évolution du langage et de l’usage.

Au nombre des mots nouveaux, on retrouve plusieurs termes reliés à l’environnement et au développement durable. L’«écoparticipation» fait donc son apparition, tout comme la «biopiraterie» ou le «biopiratage», deux synonymes qui désignent l’appropriation de brevets et l’exploitation, par des sociétés commerciales, dans des conditions jugées illégales ou inéquitables, de ressources biologiques ou génétiques propres à certaines régions. La «biosécurité» fait aussi son entrée dans le Larousse 2009.

Les technologies de l’information et des communications ne sont pas en reste, avec l’entrée de la «blogosphère». Les nouvelles tendances, avec «slameur», «spintronique», «hype» et «luminothérapie», sont aussi au rendez-vous. Le Petit Larousse 2009 admet l’abréviation «XXL» pour désigner une très grande taille de vêtement ou, par extension, quelque chose de colossal. Comme dans «un auteur au talent XXL».

Parmi les sens nouveaux, on voit apparaître la «captation» dans le domaine de l’audiovisuel, le verbe «essorer» dans le sens d’«épuiser» ou «ruiner quelqu’un».

Quelques mots propres au français en usage au Québec font leur entrée. Un «brûlement» comme dans «brûlement d’estomac» est maintenant reconnu. Le «vin de glace» obtient sa place dans la définition du mot «vin». Un «toutou» est enfin reconnu comme étant un animal en peluche. On peut maintenant, dans toute la Francophonie, «compétitionner» ou «mousser» la candidature de quelqu’un.

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Et comme le climat chez nous a parfois ses caprices, il n’est pas étonnant de voir le «démarreur à distance» faire l’objet d’une petite définition dans l’article qui concerne le «démarreur»…

Évidemment, puisqu’il y a une section des noms propres en deuxième partie du Petit Larousse, il faut bien la tenir à jour elle aussi. Parmi les personnalités qui font leur entrée dans la cuvée 2009, on retrouve des artistes (Stephan Eicher, Björk, Agnès Jaoui, Yann Arthus-Bertrand, Pierre Arditi, Marion Cotillard, Lucien dit Laurent Voulzy, Radiohead et Brad Pitt, entre autres), des politiciens (notamment Ségolène Royal, Al Gore, Alvaro Uribe et Gordon Brown) ou encore des sportifs (Michael Phelps, Laure Manaudou).

Le seul Canadien qu’on laisse entrer dans la section des noms propres est le sociologue québécois Guy Rocher.

Fidèle à sa tradition, le Petit Larousse s’enrichit cette année de nouvelles planches thématiques, notamment sur les primates, les insectes, les abeilles, le cerveau et les planètes du système solaire.

Avec ses 59 000 mots et ses 28 000 noms propres, le Petit Larousse demeure certainement un ouvrage pertinent et un témoin privilégié de l’évolution de la langue et de la planète sur laquelle on vit.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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