Le lait cause-t-il le cancer? Trois choses à savoir

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Le lait ingurgité est une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux hormones que l’on produit naturellement. (Photo: Pixhere)
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Publié 28/01/2019 par Agence Science-Presse

Le lait de vache fait l’objet de nombreuses rumeurs, dont plusieurs touchent à la santé des consommateurs. Dans le lot, c’est celle prétendant que le lait puisse causer le cancer qui semble préoccuper davantage.

L’origine de cette rumeur réside dans le mot «hormone».

D’une part, il existe une hormone de croissance naturellement présente dans le corps humain, appelée IGF-1, que des études ont associée à une augmentation de certains cancers. Or, elle est aussi naturellement présente dans le lait de vache.

Par ailleurs, d’autres hormones sont naturellement présentes dans le lait, comme l’œstrogène et la progestérone, et certaines personnes craignent qu’en buvant du lait, ces hormones ne se retrouvent dans notre sang.

1. Les hormones se retrouvent en quantité négligeable dans le sang

Or, les hommes produisent 6 000 fois plus d’œstrogène que ce que l’on retrouve dans un verre de lait. Le corps des femmes, lui, en produit 28 000 fois plus!

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Le lait ingurgité est donc une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux hormones que l’on produit naturellement.

Quant à l’IGF-1 (pour Insulin-like Growth Factor), puisqu’elle est présente dans le lait de vache, plusieurs en ont conclu que de consommer des produits laitiers faisait augmenter les taux d’IGF-1 et donc, les risques de cancer. Ce n’est pourtant pas aussi simple.

Tout d’abord, à l’heure actuelle, la majorité des données sur l’assimilation par le corps de l’IGF-1 proviennent d’études réalisées chez des rats. Par exemple, selon cette étude publiée en 1997, il semble qu’elle se retrouve à 70% dans le sang de ces animaux.

Chez l’humain toutefois, les conclusions sont beaucoup moins claires. Un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire, publié en 2012, conclut que cette hormone de croissance serait dégradée par l’intestin bien avant d’atteindre le sang.

Et même si elle s’y retrouvait, encore une fois, la quantité de produits laitiers consommés quotidiennement ne serait pas suffisante pour augmenter la concentration d’IGF-1 qu’on retrouve naturellement dans notre corps. Il faudrait boire plusieurs litres de lait par jour pour arriver à en modifier substantiellement la concentration.

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Le rapport conclut que «la contribution de l’IGF-1 d’origine laitière au risque de cancers, si elle existe, serait faible».

Pour le nutritionniste-diététiste Jean-Philippe Drouin-Chartier, il est préférable d’observer l’aliment dans son intégralité plutôt que de décortiquer chacune de ses molécules pour déterminer ses bienfaits ou ses dangers.

«Il faut se rappeler que les humains consomment du lait et non pas de l’IGF-1», nuance celui qui est aussi stagiaire postdoctoral au département de nutrition de l’École de santé publique de Harvard. «Il vaut mieux établir le lien entre la consommation de cet aliment et son effet sur la santé. On peut ensuite essayer d’expliquer les associations en se basant sur sa composition nutritionnelle.»

2. Le lait aurait un effet protecteur contre certains cancers

Certains chercheurs ont même exploré la possibilité que le lait ait un effet protecteur. C’est ce qu’a fait le World Cancer Research Fund (WCRF) dans son rapport 2018 analysant le lien entre le cancer et la consommation de produits laitiers.

Sa conclusion la plus surprenante, pour ceux qui craignent les produits laitiers: il existerait des preuves convaincantes que leur consommation diminuerait le risque de cancer colorectal.

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Il s’appuie notamment sur une méta-analyse publiée en 2012, selon laquelle le calcium aurait un effet protecteur sur le développement du cancer dans la muqueuse colorectale et pourrait réduire les risques jusqu’à 24%.

On associe aussi la consommation de produits laitiers à une réduction du risque de cancer du sein, mais les preuves seraient plus limitées.

Le rapport du WCFR dit également que la consommation de produits laitiers pourrait augmenter le risque de cancer de la prostate de 3 à 9% chez les très grands buveurs de lait. Cependant, là aussi, les preuves sont limitées et pas assez concluantes pour nécessiter des recommandations nutritionnelles.

3. Aucune hormone de croissance n’est permise au Canada

Il existe un dernier facteur qui devrait rassurer les gens. Bien que l’ajout d’hormones stimulant la production laitière soit toujours autorisé aux États-Unis, c’est formellement interdit au Canada depuis les années 1990.

Le lien entre une consommation modérée de produits laitiers et l’augmentation des risques du cancer n’a donc pas été démontré de manière concluante. Les recherches actuelles indiquent même que ces produits pourraient réduire certains types de cancers.

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