Le kombucha : pétillant, désaltérant, mais pas une panacée

À vrai dire, on ne sait pas grand' chose sur ce cocktail microbien
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Publié 01/08/2018 par Ève Beaudin

Le kombucha est sur une lancée. Les ventes de cette boisson à base de thé fermenté ont augmenté de 30% au pays depuis un an. Plusieurs lui attribuent des bienfaits santé. Or, la science est bien loin d’avoir démontré de tels bienfaits.

Thérapeutique?

Cherchez rapidement sur le web et vous trouverez quantité d’articles et de vidéos qui affirment que le kombucha possède des vertus thérapeutiques. On prête à cette boisson d’origine incertaine (la Chine est souvent citée) des propriétés énergisantes, relaxantes, anti-inflammatoires et même anticancers: une véritable panacée!

«C’est une boisson pétillante très tendance. Bien des gens la consomment simplement pour se désaltérer, en remplacement de boissons gazeuses plus sucrées et caloriques. Mais il y a aussi des consommateurs qui en boivent pour ses prétendus bienfaits thérapeutiques», explique la nutritionniste Isabelle Huot.

«Bonnes bactéries»

Par exemple, certains achètent du kombucha à cause de ses «bonnes bactéries». Or, il est difficile de vraiment savoir combien de probiotiques il y a dans une bouteille.

Le cocktail microbien dépend non seulement du type de thé utilisé, mais aussi des ferments et levures, du mode de fermentation et de la durée d’incubation.

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De plus, entre la mise en bouteille et le moment où on boit le kombucha, le contenu continue de fermenter, ce qui pourrait affecter son taux de probiotiques.

Probiotiques méconnus

«Manger des aliments fermentés comme le miso ou le tempeh semble prometteur, mais il faut être prudent quand la littérature scientifique est mince, comme c’est le cas pour le kombucha. On ne sait même pas si les probiotiques contenus dans le kombucha survivent à l’acidité de notre estomac et s’ils peuvent avoir des bénéfices sur la santé», prévient Mme Huot.

«Les bienfaits des probiotiques qu’on retrouve dans le yogourt — qui a pourtant fait l’objet d’études bien plus nombreuses que le kombucha —, font encore controverse. C’est dire à quel point on en sait encore peu», souligne-t-elle.

Simples témoignages

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’intérêt des scientifiques pour le kombucha n’est pas si récent. Dès le début du 20e siècle, des chercheurs et médecins russes se sont intéressés à ce «wonderdrink», certains allant même jusqu’à affirmer qu’il détoxifiait le foie, équilibrait la flore intestinale et possédait des vertus anticancer, peut-on lire dans une revue de la littérature scientifique publiée en 2000.

Le problème avec ces allégations, c’est qu’elles reposaient surtout sur de simples témoignages et qu’on ignore généralement la méthodologie utilisée par ces chercheurs pour arriver à ces conclusions.

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Études sur des animaux

Les auteurs de cette revue scientifique concluaient donc qu’une approche plus scientifique serait nécessaire pour départager les effets réels des allégations injustifiées.

Une autre revue de la littérature scientifique, publiée en 2014, rapporte des études effectuées en laboratoire ou sur des animaux, qui indiquent que le kombucha pourrait avoir certaines propriétés antioxydantes, antimicrobiennes et anti-diabétiques. Mais à ce jour, rien qui démontre que cela se traduit chez l’humain, concluent les auteurs.

Pas assez d’études cliniques

Le problème du kombucha est le même auquel fait face n’importe quel aliment auquel on prête des vertus thérapeutiques. Pour démontrer une telle chose, il faut faire des études cliniques selon l’une de ces deux méthodes suivantes:

– L’essai clinique randomisé avec deux groupes de volontaires souffrant des mêmes troubles de santé ; on fait boire du kombucha uniquement au premier groupe et on compare si son état de santé évolue différemment de l’autre groupe.

– L’étude épidémiologique, qui analyse l’état de santé d’une population qui consomme du kombucha et cherche à identifier ses effets à long terme. Ce genre d’étude doit être mené sur plusieurs années pour être valide.

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Popularité récente

De telles recherches prennent du temps et peuvent s’avérer coûteuses.

La popularité récente du kombucha explique possiblement pourquoi on n’a pas encore d’étude significative du genre à se mettre sous la dent. Ce qui oblige à être prudent devant les nombreux attributs santé qu’on prête à cette boisson.

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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