Le FRIC mue en RACCORD, mais les défis des cinéastes indépendants demeurent

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Équipement d'un autre temps en couverture du rapport annuel du FRIC. Photo: lefric.ca
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Publié 25/10/2024 par Soufiane Chakkouche

Profitant de la visibilité qu’offre l’anniversaire symbolique de ses 20 ans, le FRIC, Front des réalisateurs indépendants du Canada, vient d’annoncer sa nouvelle image de marque: RACCORD, pour Regroupement des artistes cinéastes de la francophonie canadienne.

Il s’agit pas d’un changement de fond, car, à en croire les acteurs du secteur, les défis des réalisateurs indépendants francophones en milieu minoritaire en général, et à Toronto en particulier, persistent.

«Je ne suis là que depuis un an», explique le directeur général Bruno Boëz, «mais je me suis rendu compte que, depuis plusieurs années, l’organisme se posait la question du changement de nom. Ça a été discuté à plusieurs reprises par le conseil d’administration dans un désir d’être plus inclusif et de mieux représenter la francophonie de nos membres. Nous y voilà.»

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Bruno Boëz.

Raisons pratiques

«Avec l’ancien nom, on avait un peu de mal à communiquer avec nos partenaires historiques ou avec de nouveaux partenaires. Il fallait par exemple à chaque fois féminiser le mot réalisateurs. On était donc souvent contraint de reformuler et de clarifier qui nous sommes et qui nous représentons.»

Toutefois, si l’organisme a changé de nom, son mandat et ses défis demeurent inchangés.

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«Notre mission reste la même, c’est-à-dire appuyer les cinéastes francophones en situation minoritaire à travers le pays, que cela soit en formation, en opportunité de création, en réseautage ou en visibilité, tout en les représentant auprès des instances politiques et culturelles pour remonter leurs attentes et leurs besoins», étaye Bruno Boëz.

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Une équipe de tournage de la série Eaux turbulentes, à Ottawa. Photo: lefric.ca

Pluralité de membres à Toronto

Par ailleurs, si ce changement parait relever de la forme plus que du fond, il n’en demeure pas moins qu’il intéresse les réalisateurs franco-torontois.

En effet, sur les 90 membres que compte le désormais le RACCORD, une vingtaine d’entre eux sont installés dans la métropole ontarienne, ce qui fait de cette dernière la ville qui compte le plus de membres, devant Ottawa et Vancouver.

Or, qui dit plus de membres dit davantage de défis, d’obstacles et de barrières, des termes bien connus pour leur pouvoir inhibiteur sur la création et de la créativité. En premier lieu: le financement, bien entendu!

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La cinéaste Renée Blancher, de Caraquet, N.-B. Photo: lefric.ca

Les défis des réalisateurs indépendants

«Ces réalisateurs indépendants en quête de reconnaissance, de visibilité et d’argent (d’où le nom provocateur du FRIC: le fric qu’on n’a pas) agissent en électrons libres dans un environnement qui n’est pas forcément structuré», souligne la fondatrice du festival torontois Cinéfranco, Marcelle Lean.

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Marcelle Lean.

«Même si, quelquefois, ne rien devoir donne plus de liberté que des comptes à rendre à des agences de subventions ou à des diffuseurs ou studios. Mais l’argent reste le nerf de la guerre», reconnaît Marcelle Lean.

Cependant, il est loin d’être le seul. En effet, de l’avis même de la fondatrice de Cinéfranco et ancienne présidente de l’agence SODIMO (devenue Ontario créatif), «il y a plusieurs défis pour les réalisateurs indépendants franco-ontariens et franco-torontois, car l’infrastructure des provinces où les réalisateurs indépendants sont en milieu minoritaire est conçue pour la majorité anglophone. Les budgets alloués aux initiatives culturelles et cinématographiques sont destinés à cette majorité artistique et critique que forme le public.»

Déficit structurel

L’autre embûche de taille, dressée sur le chemin des cinéastes francophones hors du Québec, est d’ordre structurel. Au-delà du manque de financement, ce sont ces cinéastes en contexte minoritaire qui ont le moins d’outils et d’infrastructures à leur disposition.

Si preuve en faut, et pour ne citer que cet exemple, il n’existe aucune école postsecondaire, dans la francophonie canadienne hors Québec, qui prépare au métier de réalisateur ou de scénariste en langue française.

Cela donne une idée de l’importance des formations in situ offertes par des organismes tels que le FRIC (oups, le RACCORD).

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