J’ai discuté récemment avec une enseignante à la retraite au sujet du documentaire de Denise Bombardier sur la francophonie canadienne. Je vais taire son nom pour la bonne raison que son cœur s’est toujours ouvert aux bouts de chou qui ont peuplé ses classes plutôt qu’aux controverses médiatisées.
Un court passage l’a bouleversée. C’est celui où Denise au pays des Francos reprend un jeune Franco-Ontarien qui venait d’employer le verbe «supporter» dans le sens d’«appuyer». Anglicisme. Ô sacrilège! Pris en flagrant délit d’inconduite linguistique…
Estime de soi
Cette ex-enseignante acadienne m’a fait comprendre en peu de mots que la langue parlée n’est pas qu’affaire de dictionnaire. Elle a à voir avec l’estime de soi et l’expression de sa personne.
«C’est blessant pour ce jeune», dit-elle. «Aura-t-il le goût de parler français s’il se fait humilier?»
Comme un cocon
Jeanne-Mance (nom fictif) parle un français tout à fait correct. Elle est fière de sa langue et heureuse de la transmettre. À l’écouter, on perçoit son idéal, celui d’une langue parlée qui serait un cocon confortable. On y vivrait avec sa famille et ses amis dans des mots nés du cœur plutôt que copiés des grands dictionnaires.