La Torontoise Carol Welsman, qui habite maintenant Los Angeles, n’est certes pas la première à avoir fusionné jazz, blues, country et soul – on n’a qu’à penser à Norah Jones et Madeleine Peyroux, qui ont récemment exploité la recette avec le succès qu’on sait.
Pourtant, force est de constater que What’Cha Got Cookin’ (Koch) porte ce qu’il convient d’appeler la griffe Welsman: clarté de l’énonciation, léger sourire dans la voix, et une liberté du phrasé qui ne s’affirme jamais au détriment de la mélodie. Une approche qui sied fort bien à ces classiques du répertoire country qu’elle a choisis et dont elle assure les arrangements, à la tête d’un sextuor qui sait, lui aussi, se mettre au service des chansons plutôt que l’inverse.
On apprécie le côté bluesy du It’s My Party de Lesley Gore (pas vraiment une toune country, mais qu’importe), et sa façon irrésistible de faire swinger Hey Good Lookin’ de Hank Williams, mais c’est dans le registre clair-obscur que la magie opère vraiment: des reprises dépouillées de Everybody’s Talkin’ de Fred Neil et surtout du By The Time I Get To Phoenix de Jimmy Webb laissent entrevoir une vulnérabilité sans artifices, qui font presque regretter que Carol n’aie pas choisi d’exploiter ce registre tout au long de l’album.
En prime, un DVD tourné lors des séances d’enregistrement nous rappelle qu’il existe encore des musiciens capables de conjurer la magie dans des conditions de direct, comme à l’époque où la plupart de ces chansons ont vu le jour.
Un Comeau pour camés
Le plus grand public l’avait découvert il y a cinq ans avec l’album anglais Hungry Ghosts, qui renfermait déjà une pièce en français. Cette fois, le poète et auteur-compositeur de souche acadienne Fredric Gary Comeau a choisi d’explorer pleinement l’autre moitié de sa dualité linguistique.