Le corrigé de la dictée

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Publié 19/05/2015 par Martin Francoeur

C’est l’heure de la correction! Dans ma précédente chronique, je vous faisais part d’une petite dictée que j’ai concoctée et que, volontairement, j’ai truffée de 20 fautes. Je vous demandais de les trouver. J’espère que vous avez bien fait l’exercice. Je reproduis d’abord le texte en version corrigée, avec en gras les graphies correctes des mots ou expressions que j’avais transformées en erreurs dans la version publiée précédemment. Par la suite, je donnerai quelques explications.

Hommage à ceux qui prennent la parole

Qu’ont en commun les poètes, les trouvères, les troubadours, les baladins, les ménestrels, les chansonniers, les conteurs? Ils ont tous la parole comme principal outil. Ils sont, ou ils furent, des porteurs de mots sous différentes formes. De tout temps ils ont exhaussé l’art de la parole.

Ils ne sont pas les seuls à savoir ainsi jongler avec les mots. De nos jours, les rappeurs et les slameurs prennent parfois le relais. Devant des foules bigarrées, ils démontrent leur savoir-faire en alignant des verbes colorés, des mots-valises inventés de toutes pièces, des adjectifs qu’on croyait obsolètes mais qui, dans leur bouche, deviennent bien vivants.

Quelle que soit la source de leur inspiration, ils parviennent à livrer un message, une émotion quelconque, autant d’empreintes indélébiles laissées dans notre mémoire ou dans notre inconscient.

Dans leurs œuvres, les mots évoquent les idées qui se sont succédé, bousculées, entrechoquées. Mais ce procédé, loin d’être leur apanage, est aussi partagé par d’autres experts ès formes d’expression.

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À ces maîtres des mots s’ajoutent en effet ceux qui parlent pour convaincre. Pensons au blabla incessant des bonimenteurs de tout acabit, aux discours emberlificotés des politicailleurs qui haranguent les foules, suivant les traces de Démosthène ou de Cicéron. Ils se croient parfois maîtres de la rhétorique et des figures de style comme la litote, l’anaphore, les synecdoques bien tournées ou les oxymores improvisés. Mais gare à la démagogie! Si leurs envolées suscitent parfois des oh!, il peut aussi y avoir débat!

N’oublions pas les panégyriques et les dithyrambes, prononcés pour encenser quelque quidam ou quelque personnage important.

Enfin, il ne messied pas de saluer au passage tous ceux qui, sans être des pros du langage parlé, osent prendre la parole pour protester, pour commenter, pour revendiquer ou simplement pour dire, sans ambages ou avec force faux-fuyants, «je t’aime».

* * *

Voici maintenant quelques explications sur les erreurs volontairement glissées dans le texte.

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D’abord, il ne fallait pas mettre deux «l» à «baladins». Les baladins étaient autrefois des bouffons de comédie, des farceurs de places publiques. Aujourd’hui, on peut dire que ce sont des comédiens ambulants.

Il ne fallait pas mettre d’accent circonflexe à «ils furent», puisque c’est un passé simple de l’indicatif.

Il fallait écrire «exhaussé l’art de la parole» et non «exaucé». Exhausser, c’est porter plus haut. Exaucer, c’est réaliser (un voeu, un souhait).

Le mot «rappeurs» s’écrit avec deux «p», contrairement à «slameurs», qui ne prend qu’un seul «m».

Le mot «relais» prend toujours un «s», contrairement à «délai».

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Dans l’expression «quelle que soit», il faut écrire «quel que» en deux mots et l’accorder avec le nom qui suit. Donc «quelle que soit la source…».

Un peu plus loin, le mot «empreintes» est féminin pluriel; il fallait donc écrire «laissées» et non «laissés».

Le participe passé de «se succéder» est toujours invariable. Il fallait écrire «les idées qui se sont succédé, bousculées, entrechoquées».

Le mot «apanage», qui signifie «privilège exclusif» ne prend qu’un seul «n».

La préposition «ès» introduit toujours un mot au pluriel. De nos jours, elle est utilisée à peu près uniquement dans les appellations de diplômes (baccalauréat ès arts, maîtrise ès lettres…). Alors forcément, il fallait mettre «formes d’expression» au pluriel.

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Démosthène (avec un «h») et Cicéron sont des hommes politiques respectivement grec et romain. Les deux sont reconnus pour leurs qualités d’orateurs.

Dans le mot «rhétorique», un peu plus loin, le «h» avait été mal placé. Il fallait écrire correctement «rhétorique» et non «réthorique».

La «synecdoque» est une figure de style qui donne à un mot un sens plus large qu’il n’en comporte habituellement. Comme «acheter un vison» pour dire «acheter un manteau en peau de vison». Le mot «synecdoque» est féminin (et au pluriel dans la dictée) alors il fallait écrire «des synecdoques bien tournées».

Autre figure de style, l’oxymore prend un «e» final. Il fallait écrire «oxymores» et non «oxymors».

On doit écrire «panégyriques» et non «panégériques» pour désigner ces éloges faits en public ou par écrit de quelqu’un, d’une institution, d’un pays.

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Presque synonyme, le mot «dithyrambes» (et non «dythyrambes» comme écrit dans la dictée erronée) s’écrit avec un «i» puis un «y» et non deux «y».

Le participe passé «prononcés» devait s’accorder au masculin pluriel puisque les deux mots sont de genre différent. «Panégyrique» est masculin et «dithyrambe» est féminin.

Le mot «pro», comme apocope de «professionnel» doit s’accorder.

Enfin, dans l’expression «sans ambages», le mot «ambages» est toujours au pluriel.

Et le mot «force» remplace en quelque sorte «beaucoup de» et est toujours invariable dans cet emploi. On l’assimile soit à un déterminant indéfini, soit à un adverbe.

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* * *

Voilà. J’espère que vous avez apprécié l’exercice. Combien aviez-vous repéré de fautes dans le texte truqué? Dites-vous que si c’est plus de dix, vous êtes parmi les meilleurs!

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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