Adrien Thério (1925-2003) a publié Marie-Ève! Marie-Ève! en 1983 et XYZ éditeur vient d’en faire une réédition. Selon le directeur littéraire André Vanasse, jamais n’a-t-on vu un roman du terroir «s’attaquer aussi directement et aussi violemment aux représentants du clergé comme c’est le cas dans Marie-Ève! Marie-Ève!»
Le roman d’Adrien Thério décrit la société québécoise rurale à l’époque où les membres du clergé détenaient une totale emprise sur leurs paroissiens, à un point tel que tout écart de conduite pouvait entraîner les pires anathèmes.
Marie-Ève! Marie-Ève! prend la forme d’une lettre de 125 pages, que Carmélia Desjardins, 88 ans, écrit à Claude Martel, natif du Chemin-Taché, dans la région de Rivière-du-Loup. Marie-Ève est la fille de Carmélia, mais elle n’entre en scène que dans le dernier quart du roman. La lettre de l’octogénaire analyse d’abord toutes les affres que monsieur le curé fait subir à ses ouailles impénitentes.
Le Chemin-Taché est un pauvre coin rural où les cultivateurs triment dur, où plusieurs ne comprennent pas pourquoi le curé déteste tout ce qui rime avec rire et plaisir. À tant détester l’alcool et la danse, le représentant de l’évêque en vient «à détester tout le monde autour de lui. […] il implorait le feu du ciel de brûler tous ceux qui contrevenaient à ses ordres. L’évêque n’avait pas le droit de nous imposer un déséquilibré pareil», écrit Carmélia.
Quand meurt un paroissien qui n’a pas trop fréquenté les sacrements et qui a donc mené une vie en marge des préceptes de Notre Très Sainte Mère l’Église, le curé n’hésite pas à parler, dans son sermon, d’un Dieu vengeur.