Le ciel et l’eau des voyages de France Jodoin à la galerie Thompson Landry

Jusqu’au 2 novembre dans le quartier de la Distillerie

France Jodoin avec un de ses tableaux préférés: "Leave your shoes at the door and prepare for life".
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Publié 28/10/2019 par Mélissa Salé

L’artiste québécoise France Jodoin revient à la galerie Thompson Landry avec 30 œuvres sur le thème de L’autre paysage, jusqu’au 2 novembre.

Dans sa nouvelle exposition, qui a commencé le 17 octobre, nous retrouvons son style qui lui est propre avec une grande présence du ciel et de l’eau.

À la galerie Thompson Landry.

«Prendre le temps de prendre le temps»

Sa thématique centrale, nous explique-t-elle, est ancrée dans le temps qui passe et la brièveté de l’existence.

Son but: «Créer des lieux où les gens peuvent se reposer les yeux, la tête. Se reposer de la vie qui va trop vite.»

« Time yet for a hundred undecisions » de France Jodoin

Pas étonnant, donc, que l’artiste a choisi le paysage comme thématique de sa nouvelle exposition: «J’essaie de créer des lieux dans mes tableaux, où les gens peuvent se reposer comme le font les paysages. Pour moi, un paysage ce n’est pas agressant, jamais. C’est reposant, méditatif, contemplatif.»

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« Like red threads loosened from the sky » de France Jodoin.

France Jodoin espère donc que ses tableaux permettront à ceux qui les regardent de prendre le temps.

«Aujourd’hui tout se bouscule, tout le monde va vite, tout le monde s’arrête si peu pour regarder. Quand je vois les gens s’arrêter, parfois juste 10 secondes, je me dis que j’ai réussi, c’est merveilleux.»

Le voyage comme source d’inspiration

France Jodoin s’inspire de ce qu’elle voit dans ses voyages pour peindre. «Ce qui revient, ce qui remonte, ce n’est pas nécessairement ce que j’ai vu. Mais ce que j’ai ressenti.»

France Jodoin avec ses tableaux  » Before the useful trouble of rain » et « Your cup is ruby-rimmed ».

Pour cette exposition, elle s’est surtout inspirée de son précédent voyage en Irlande qui remonte à 2 ans, ainsi que de ses visites de châteaux l’année passée.

«L’année dernière, j’ai visité beaucoup de châteaux, j’ai fait des études de châteaux, de ruines qui sont revenues un peu cette année dans l’exposition. Pas nécessairement dans l’architecture que j’ai vue, mais dans l’atmosphère du lieu, des vieilles villes abandonnées. C’était magnifique.»

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« Disturbing the dust in a bowl of pink leaves » de France Jodoin.

Chose étonnante: elle ne prend jamais de photos. Tout ce qu’elle a vu reste dans sa tête jusqu’à ce qu’elle déverse ses souvenirs sur la toile.

«Ça me reste dans la tête des années et je puise là-dedans pour travailler. Ça remonte, un peu comme les vagues qui arrivent et qui repartent, je ne contrôle pas.»

Besoin d’eau

Durant ses voyages, elle s’imprègne également de l’eau, expliquant ainsi la grande place de cet élément dans ses œuvres.

« I sleep till dusk is dipped in grey » de France Jodoin.

Paradoxalement, même si elle en a peur, elle en a besoin pour être inspirée: «Là-bas je suis dans un autre monde, dans mon monde, le monde de l’eau, le monde de la contemplation, le monde de la solitude, le monde du rêve. Ça me nourrit infiniment.»

L’intuition et le hasard comme méthode de travail

Pour peindre, France Jodoin utilise la méthode de l’huile sur toile, avec une toile en lin sur laquelle elle y ajoute de la colle de peau de lapin.

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« Step lightly on this narrow spot » de France Jodoin.

Aussi, elle peint 3 ou 4 tableaux à la fois pour utiliser les mêmes couleurs sur ses tableaux, car pour elle une exposition c’est «fluide», c’est une «histoire», il faut un «dialogue» entre les toiles.

«Il faudrait que je me filme un jour en train de peindre parce que c’est très étrange.»

Mais surtout, sa méthode consiste à laisser libre cours à son intuition, en ne partant pas avec des idées préconçues.

«Je suis très gestuelle, j’attaque le tableau, c’est intuitif. Je n’ai pas le temps de réfléchir. Il faut que la toile reçoive mes coups de pinceau. Donc ça se fait, ça se défait, ça se construit à mesure que je travaille.»

« Tell me where the senses mix » de France Jodoin.

De nombreuses personnes mettent ses toiles dans le courant du «néo-impressionnisme». Pourtant, l’artiste ne se range pas nécessairement dans un mouvement de peinture, du fait de sa méthode intuitive.

«Ils veulent vraiment savoir où je suis, dans quel courant. Je ne sais pas moi, je peins, ce n’est pas défini. Comme mes tableaux ne sont jamais très définis, je ne sais jamais où ça s’en va avant que ce soit terminé.»

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« The little things in life were the big things » de France Jodoin.

Même si elle ne sait pas à l’avance ce qu’elle peint, l’artiste sait lorsque ses toiles sont finies ou lorsqu’elles ne le sont pas. Celles qui ne le sont pas, elle les appelle ses «bébés qui pleurent», car un tableau qui n’est pas terminé l’«agace».

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