Le charme discret de notre cinéma

Festival de Cannes 2010

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Publié 11/05/2010 par Jacqueline Brodie

La table est mise. Onze jours, douze nuits dans le brouhaha des fêtes, la rutilance des stars et de leurs joyaux pour les uns. Onze jours dans les salles obscures, ballottés au gré des émotions projetées sans relâche sur les écrans pour les autres. Contre vents et marées, des vagues gigantesques l’ayant il y a quelques jours, brutalement envahie, la mythique Croisette, telle une vieille coquette, s’est vite refait une beauté pour célébrer le 63e anniversaire du Festival. Du 12 au 23 mai, fanfare et tapis rouge au Palais. Rituel quand tu nous tiens!

N’est pas convié qui veut à l’annuel banquet filmophage. Au menu, dix-huit longs métrages en lice pour la Palme d’Or. L’Europe domine le peloton avec sept films. L’Italien Daniele Luchetti présente La Nostra Vita; l’Ukrainien You My Joy; Mike Leigh, le britannique palmé en 1996 pour Secrets And Lies nous propose Another Year et le Hongrois Kornél Mondruczo Tender Son – The Frankenstein Project.

Un trio de Français complètent cette très européenne carte. Le vétéran Bertrand Tavernier (Prix de la mise en scène 1984 pour Un Dimanche à la campagne) est en lice avec La Princesse de Montpensier;
Xavier Beauvois (Prix du Jury 1996 pour N’Oublie pas que tu vas mourir) présente Des Hommes et des Dieux tandis que l’acteur réalisateur Mathieu Almaric fait son entrée dans le select club avec Tournée.

Sélection prometteuse à laquelle se greffe Hors-la-loi, un hybride signé Rachid Bouchareb présenté sous la bannière de l’Algérie.

Résolument politiquement incorrect, le réalisateur français d’origine algérienne, eut on s’en souvient, un impact politique considérable avec son percutant Indigènes, consacré à Cannes 2007 par un prix attribué collectivement à ses cinq acteurs.

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Révélateur d’une flagrante iniquité, le film incita le gouvernement français à réparer l’injustice que l’ex-puissance coloniale perpétuait à l’égard de ses anciens combattants maghrébins, ajustant leur pension à celle des «nationaux».

Avant même sa projection et suite à Indigènes, Hors la loi, a déjà suscité l’ire de certains élus représentants de la très droite aile politique française. C’est que, dit-on, ce Hors la loi invité prend des libertés avec l’histoire. À voir!

En attendant Woody

L’Asie est au rendez-vous avec cinq films, dont un thaïlandais, deux sud-coréens, un japonais et un chinois. Les États-Unis présentent Fair Game de Doug Liman, novice dans la joute cannoise; le Mexicain Alejandro Gonzales Iñarritu (Babel) revient avec Biutiful.

Le Tchad est de la fête avec Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse, de Mahamat Saleh Haroun. La Russie et l’Iran ont chacun leur coureur et pas des moindres: Soleil trompeur 2 de Nikita Mikhalkov et Copie conforme de Abbas Kiarostami, deux habitués. Séduisant panorama auquel s’ajoutent, hors compétition, les derniers-nés de trois illustrissimes invités: Woody Allen avec You Will Meet A Tall Dark Stranger; Stephen Frears avec Tamara Drewe et Oliver Stone avec Wall Street – Money Never Sleeps.
Grand absent de cette compétition, le cinéma canadien. Pas même un tout petit court métrage. Qu’est notre ONF est devenu, lui qui traditionnellement sauvait la face avec un de ses bijoux d’animation?

Des arts et des affaires…

Le Pavillon du Canada au Marché du Film regroupe cette année plus de 70 compagnies, dont 27 sociétés ontariennes.

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Point de ralliement des Canadiens et centre de rayonnement professionnel, il offre à nos festivaliers services pratiques et expertise. Les affaires sont les affaires et le 7e art ne fait pas exception.

Allons, point des regrets! Tandis que se poursuit chez nous, entre nos cinéastes et les institutions qui les financent, l’épineux débat sur le cinéma d’auteur versus un cinéma commercial et malgré notre absence de la compétition, c’est du sceau de la jeunesse et de l’audace qu’est marquée notre cinématographie à ce Festival.

Merci à nos auteurs, à ceux qui osent. Ce sont eux qui portent nos couleurs à la plus prestigieuse manifestation cinématographique du monde.

Au brillant Québécois de 21 ans, Xavier Dolan, dont le deuxième long métrage Les Amours Imaginaires figure en sélection officielle dans la section Un Certain Regard, en compagnie de l’icône Jean-Luc Godard et du sublime chantre du cinéma portugais Manoel de Oliveira (102 ans), bravo!

Merci au jeune Noah Pink de Halifax, réalisateur du moyen métrage Zed Crew sélectionné à La Quinzaine des Réalisateurs.

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Au président du Jury de la Cinéfondation et des courts métrages, le Torontois Atom Egoyan, cinéaste-culte, dont le talent a su imposer au monde entier la vision singulière de son fascinant univers pirandellien, toute notre admiration. Longue vie au cinéma d’auteur!

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