La Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, établie par Ottawa en 1963, a conduit à l’adoption de la Loi sur les langues officielles, la Loi constitutionnelle et la Charte canadienne des droits et libertés, des grands projets de Pierre Elliott Trudeau.
Élu premier ministre le 25 juin 1968, le chef libéral avait toutefois rejeté une orientation qui se dégageait du rapport des dix commissaires, publié la même année, rappelle un nouvel essai sur un moment unique de l’histoire canadienne.
Trudeau et Laurendeau
«Il semblait y avoir un consensus en faveur de réformes constitutionnelles», explique Valérie Lapointe-Gagnon, l’auteure de Panser le Canada – Une histoire intellectuelle de la commission Laurendeau-Dunton, publié le 24 avril. «Mais à partir de l’arrivée de Pierre Trudeau (premier ministre) et de la mort d’André Laurendeau (coprésident de la Commission), le 1er juin 1968, les choses ont changé.»
Il s’était cependant produit une ouverture historique jamais vue – et qu’on ne reverra pas – à un aménagement constitutionnel visant la réconciliation entre le Canada anglais et le Canada français.
Canada «malade»
«On parle énormément à l’époque du Canada comme un corps malade», souligne la professeure d’histoire de la Faculté Saint-Jean (Université de l’Alberta). «Les commissaires à la recherche de remèdes se rendent compte que le temps évolue à deux vitesses.»