Chaque fois que je commence à croire que je n’aurai plus jamais de coup de cœur francophone, une galette surgit de nulle part pour restaurer ma foi. Il faut dire que Être… (L’A-be/Sélect), de Brigitte Saint-Aubin, déborde de ce qu’on devrait être en droit d’attendre d’un nouvel album et, surtout, d’une nouvelle artiste: un élément de surprise.
Se tournant vers la musique – son premier amour – après s’être fait connaître à la télé (Majeurs et vaccinés) puis au cinéma (Québec-Montréal), Brigitte a concocté une œuvre qui n’est pas chiche en petits bonheurs de poésie complice (dont Les nyctalopes galopent, réjouissant duo avec Yann Perreau), mais aussi en audaces inspirées, telles ce Monsieur William qui, loin de la chanson de Caussimon portant le même titre, explore le parallèle entre spiritueux et spiritualité – alcool de poire aidant.
Mais c’est avec la Chanson de Fernand que Saint-Aubin donne la pleine mesure de son audace, en mettant en scène la femme et l’enfant que Fernand aurait abandonnées dans la chanson de Brel, question de parcourir, au-delà de la mort, le chemin qui va de la rancœur à la réconciliation (prémisse que seule une femme, me semble-t-il, aurait pu explorer). Et en guise de dessert, Brigitte nous offre Crème caramel, un réjouissant exercice érotico-culinaire qui révèle une sensualité à fleur de peau et remet le plaisir au cœur de l’écriture.
Rares sont les disques dont les points de départ sont aussi variés et inattendus. Mais ce sont ses destinations qui font d’Être… un de ces périples dont on n’est pas près de se lasser.
Ballades par numéros
Auteure-compositrice interprète – et pianiste – de souche antillaise, Rebecca (Jean-Gilles, pour l’état civil) nous est présentée, dans le communiqué accompagnant son premier CD éponyme, comme une artiste qui «poursuit la tradition de la chanson française qu’elle perpétue par des textes recherchés sur des mélodies accrocheuses».