Qu’est-ce que l’art brut? C’est la question que l’on peut bien légitimement se poser en prenant connaissance de cette association terminologique étrange, le qualificatif «brut» ayant des significations diverses et opposées, peu compatibles parfois avec le mot «art».
Mais un ouvrage des éditions Flammarion peut nous éclairer sur ce sujet, puisqu’il est l’œuvre d’une historienne de l’art spécialisée dans l’art brut, Lucienne Peiry.
Sans prétentions
L’art brut n’est une nouveauté que par rapport aux mouvements artistiques classiques auxquels nous sommes habitués, comme le baroque (1580-1700), le classicisme (1660-1715), le rococo (1730-1760), le néoclassicisme (1750-1700), le romantisme (1770-1850), le réalisme au XIXe siècle, le naturalisme, pour ne mentionner que quelques exemples dont il a été question dans L’Express à un moment donné ou à un autre.
C’est l’artiste Jean Dubuffet qui a inventé ce terme à l’été 1945 lors d’un voyage en Suisse, pour désigner les productions de personnes n’ayant pas de culture artistique. Il constitue une première collection d’œuvres recueillies dans des asiles psychiatriques en Suisse et en France ou auprès d’artistes isolés, des autodidactes restés dans l’ombre.
Au sens premier du terme, l’art brut regroupe des productions réalisées par des non-professionnels de l’art, dépourvus de culture artistique, créant des œuvres qui ne répondent pas aux normes esthétiques alors en vigueur, autrement dit «un art spontané, sans prétentions culturelles et sans démarche intellectuelle».