Chronique de la dérive douce, de Danny Laferrière, a d’abord paru en 1994. L’auteur nous offre maintenant une nouvelle version, entièrement remaniée et augmentée, de ce qui aurait pu s’appeler L’Énigme de l’arrivée, si ce titre n’avait été rendu célèbre par V. S. Naipaul.
Le roman est composé de 360 fragments qui prennent la forme de vers libres, un peu à la manière de L’Énigme du retour. Il permet de nous former un portrait de la première année que le romancier a passée au Québec.
Chronique de la dérive douce est écrit au «je», celui d’un jeune Haïtien qui arrive à Montréal en 1976. Il a fui Port-au-Prince où sa vie était en danger. Il n’est pas un touriste de passage. «Je suis ici pour rester, que j’aime ça ou pas.»
Tout est nouveau pour l’Haïtien de 23 ans: chambre avec réfrigérateur, four et salle de bains, électricité 24 heures sur 24 et «possibilité d’inviter une jeune fille dans mon lit ou de me soûler à mort».
Il faut dire qu’il n’est pas habitué au fait que les filles puissent avoir des désirs «et surtout qu’elles le montrent sans détour».