La victoire n’est pas coulée dans le béton pour Pierre Poilievre

PCC, Parti conservateur, Poilievre, Charest
Le bulletin de vote de l’élection du prochain chef conservateur.
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Publié 12/08/2022 par Marianne Dépelteau

La victoire de Pierre Poilievre à la tête du Parti conservateur n’est pas dans la poche malgré les apparences. Même s’il est le candidat qui a recueilli le plus de fonds, la concentration de ses partisans dans l’Ouest du pays pourrait lui jouer des tours lors du scrutin le 10 septembre.

«D’une certaine façon, Pierre Poilievre semble avoir pris une avance qui parait très difficilement surmontable par Jean Charest», selon Frédéric Boily, professeur en science politique au Campus Saint-Jean en Alberta.

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Pierre Poilievre.

En plus du soutien financier que détient Pierre Poilievre, le politologue est d’avis que son type de campagne, axée sur les réseaux sociaux, la baisse de popularité de Justin Trudeau et les traces de la pandémie ne lui nuiront certainement pas.

«Le message de liberté est simpliste parce que son programme n’est pas très détaillé. Il martèle continuellement la question de l’économie, Il ne trébuche pas sur les questions de conservatisme social comme les autres. Quand on met tout ça ensemble, ça semble très difficile pour les autres candidats de le dépasser», précise Frédéric Boily.

Une course dangereuse

Jean Charest et Pierre Poilievre ne représentent pas une continuité du leadeurship d’Erin O’Toole. Ce qui fait dire à Frédéric Boily que la rupture au sein du Parti conservateur (PCC) menace sa stabilité.

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Pendant le débat du 3 août 2022, Scott Aitchison a, à nouveau, manifesté ses doutes quant à la loyauté de Jean Charest au Parti conservateur, tout comme il l’avait fait lors du premier débat, en mai dernier.

«Allez-vous en faire partie? Allez-vous continuer à travailler ensemble en tant que conservateur, quel que soit le leadeur, et aider le parti à se rassembler?», a-t-il demandé. Jean Charest a contourné la question en assurant que son intention actuelle était de remporter la course.

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Jean Charest.

Dans l’éventualité d’une victoire de Pierre Poilievre, le sénateur Jean-Guy Dagenais a affirmé qu’il déchirerait sa carte de membre. Le député Joël Godin a indiqué qu’il remettrait en question sa place au sein du Parti conservateur.

Pour ceux qui feront le choix de quitter le parti, les choix politiques deviendront limités selon Frédéric Boily. «Il existe des portes de sortie, mais des portes de sortie qui mènent à des partis qui sont encore plus à droite». Il précise par contre que le Parti populaire de Maxime Bernier risque d’attirer peu de députés qui s’opposent à Pierre Poilievre.

Les députés sortants pourraient soit «créer une nouvelle formation politique comme on entend parler présentement. Tout simplement se désister et attendre. L’attente peut être longue, parce qu’on n’a aucune idée quand arrivera la prochaine élection, ça peut être dans 3 ans.»

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Des bâtons dans les roues de Pierre Poilievre?

Les règles de l’élection du chef du parti stipulent que les pourcentages obtenus par les candidats dans les 338 circonscriptions électorales sont transposés en points. Les résultats obtenus par chacun des candidats sont «calculés et vérifiés par le Directeur général des élections du parti, vérifié par un vérificateur indépendant et soumis au président du Comité organisateur de l’élection du Chef après le scrutin».

Cette méthode de scrutin pourrait désavantager le favori de la course et concentrer les votes pour Pierre Poilievre dans l’Ouest du pays, selon Frédéric Boily.

NPD
Frédéric Boily.

Un sondage Léger mené entre le 5 et le 7 aout montre qu’entre 44 % et 49 % des électeurs conservateurs appuient Pierre Poilievre en Ontario, dans les Prairies, en Colombie-Britannique et au Québec. La région de l’Atlantique favorise Jean Charest avec 34 % des alors que Pierre Poilievre recueille 23 % des appuis.

Selon le rapport financier du Parti conservateur pour le trimestre de 2022, le député de Carleton accumule plus de 4 millions $ provenant de près de 36 800 contributions. Le cumulatif des fonds amassés par Pierre Poilievre, dépassant la somme totale accumulée par tous ses adversaires combinés.

«Là, avec les chiffres du financement, ça laisserait peut-être entendre que Pierre Poilievre fait bien aussi du côté du Québec», dit Frédéric Boily.

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Un dernier débat

L’absence de Pierre Poilievre au débat du 3 août 2022, à Ottawa, a donné la chance à Jean Charest de le critiquer indirectement. «Le leadership, c’est se battre et se présenter, pas s’enfuir.» Leslyn Lewis s’est aussi absentée, évoquant un conflit d’horaire. Le PCC a imposé à chacun une amende de 50 000 $.

«Le débat, d’un point de vue analytique, est tombé à plat à partir du moment où on connait les positions de Jean Charest, de Scott Aitchison et de M. Baber. En même temps, à partir du moment où Pierre Poilievre et Leslyn Lewis n’y sont pas, ça fait un débat raté», estime Frédéric Boily.

Scott Aitchison a promis lors de ce débat qu’il s’assurera de parler aussi bien le français que l’anglais d’ici les prochaines élections fédérales.

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Leslyn Lewis.

Le fantôme de Patrick Brown

La disqualification de Patrick Brown, maire de Brampton, est maintenue. Il a été accusé d’avoir accepté des dons d’une compagnie — allant ainsi à l’encontre de la loi électorale canadienne —, d’avoir utilisé des mandats bancaires pour acheter des adhésions et d’avoir autorisé des ventes d’adhésions non conformes.

Son nom figure toujours sur les bulletins de vote, mais selon Frédéric Boily, ça ne devrait pas avoir une incidence importante sur les résultats. «La réputation de Patrick Brown après son expulsion de la course n’est pas très bonne.»

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