La traduction au service de l’art

Rendez-vous français-farsi au Labo

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Publié 14/10/2014 par Alix Forgeot

Jeudi dernier, Le Labo a donné rendez-vous au public à la galerie Artscape Triangle pour un «rendez-vous français farsi» interrogeant la «transmission de l’identité linguistique» comme un outil de création artistique…

De chaque côté du mur blanc, des feuilles de papier kraft ont été disposées au sol. La poétesse Heather Hermant s’apprête à débuter sa lecture, tandis que l’artiste multidisciplinaire iranienne, Gita Hashemi, trempe son pinceau dans de l’eau colorée. La performance peut débuter.

Lors de cet événement, les spectateurs ne doivent pas s’attendre à tout comprendre. L’objectif est de vivre la traduction comme une expérience linguistique.

À ce propos, Aurélie Lacouchie, membre du comité de programmation artistique du LABO, note qu’il y a en effet «des choses qu’on écrit dans une langue que l’on ne peut pas expérimenter dans une autre». C’est le cas lorsque des personnes bilingues passent de l’anglais au français (ou vice versa) pour exprimer une émotion, un concept, une expression qui est plus précise, dans une langue que dans l’autre, ou qui n’a tout simplement pas d’équivalent dans l’une des deux langues.

Le public multiculturel découvre ainsi l’histoire de Mirza I’tisam al-Din, un secrétaire de la Compagnie des Indes orientales, parti en Angleterre, en 1765, sur l’ordre de l’Empereur moghol, pour traduire une de ses lettres aux Britanniques. Il en résulte le premier carnet de voyage écrit en farsi (persan).

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Alors que la poétesse Heather Hermant dévoile cette histoire aux spectateurs en anglais, Gita Hashemi a choisi le farsi pour s’exprimer. Avec du colorant rouge, jaune, bleu ou vert, elle peint, de droite à gauche, de vieilles expressions farsi issues du texte, qu’il était difficile de traduire.

Gita Hashemi passe d’une feuille à l’autre alors que le liquide semble s’effacer, comme pour témoigner de l’éphémère de la traduction.

Au fil de la performance (de 16h30 à 18h30), les écrits arrivent tout de même à imprégner les feuilles pour laisser des traces; les expressions se superposent alors.

Lors de la deuxième performance (de 18h45 à 19h30), les artistes ont repris les mêmes gestes, dans les deux langues.

Le français a fait son apparition à 19h45: les spectateurs ont pu assister à une expérience linguistique visuelle aux côtés de l’artiste irano-canadienne Maryam Taghavi. Évoquant le thème de la nature, sa vidéo a laissé place au farsi, traduit en anglais et en français par des personnes présentes dans la salle.

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Pour terminer, le public a été invité à converser avec les artistes à propos de leur démarche artistique.

«À Toronto, c’est toujours l’anglais qui est facilité», insiste Aurélie Lacouchie, membre du comité de programmation artistique du Labo. L’organisme a ainsi fait appel à un traducteur pour donner vie en français aux discussions finales. Les personnes ne parlant ni français, ni farsi n’ont pas été oubliées: Mme Lacouchie effectuait «une traduction chuchotée en anglais».

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