Au début, l’affaire s’appelait simplement Lagacé, du nom du journaliste (Patrick Lagacé) qui a été espionné par le service de police de la ville de Montréal (SPVM) dans le cadre d’une enquête sur l’un de ses policiers.
Ça n’a pas pris longtemps – deux jours – pour que le nom du chroniqueur de La Presse ne suffise plus à couvrir l’ampleur du problème révélé et que l’on apprenne qu’il s’agissait, plus largement, de pratiques de surveillance généralisée des journalistes au Québec, conduites non seulement par le SPVM, mais aussi par la Sureté du Québec, avec la bénédiction d’une juge.
À peu près au même moment, on apprenait que Cour supérieure de Montréal ordonnait à une chercheuse de l’UQAM, Marie-Ève Maillé, de remettre à l’entreprise Éoliennes de l’Érable, qui les réclamait, les noms des participants à son étude de doctorat (voir la lettre ouverte au Devoir). Cette ordonnance ouvre une brèche supplémentaire dans la protection des données personnelles et menace le fait même de pouvoir conduire des recherches sur des sujets «sensibles».
C’est dans ce contexte qu’une foule entassée dans la salle Leacock de l’université McGill, le 2 novembre, attendait fébrilement de voir apparaître Edward Snowden sur l’écran de l’amphithéâtre. L’informaticien en exil en Russie était invité par Media@McGill, un laboratoire de recherche qui se consacre aux enjeux et aux polémiques liés aux médias, à la technologie et à la culture. Gabriella Coleman, professeure d’anthropologie dont les travaux portent sur la culture hacker et ses enjeux politiques, est à l’initiative de cette invitation.
Après un long délai de mise en place et quelques cafouillages techniques, Snowden a pu commencer sa présentation, plus informelle et raccourcie que prévu pour privilégier la discussion avec la salle (vidéo de la conférence).