Depuis dix ans, Henri Lœvenbruck a publié une demi-douzaine de romans chez Flammarion.
Son tout dernier s’intitule Nous rêvions juste de liberté et se veut tout à la fois un roman initiatique, une fable sur l’amitié, un récit d’une aventure et un road-movie fraternel. L’auteur nous fait suivre des motards guidés par la pureté et la violence de l’âge adolescent, des jeunes qui n’attendent rien de la société parce qu’ils ne veulent pas lui appartenir.
Nous sommes dans les années 1960, dans un pays qui n’est jamais mentionné, mais les villes sont américaines même si elles portent souvent un nom français: Providence et Carmel (Rhode Island), Laroche (Caroline du Sud), Clairemont et Fremont (Californie). L’auteur mentionne même Saint-François (San Francisco?).
Tout commence à Providence, une ville qui n’est pas faite pour des gens comme Hugo alias Bohem, Alex alias la Fouine et Oscar alias le Chinois, qui «nagent dans la merde depuis le jour de leur naissance». Ils fréquentent un lycée catholique (lire high school) où ils passent plus de temps en détention qu’en périodes de récréation. C’est Bohem qui est le narrateur et il se méfie des gens qui veulent purifier l’espèce humaine. «Ça m’a toujours mis les foies.»
La phrase suivante donne une bonne idée du style de Lœvenbruck et de l’atmosphère qui règne dans le lycée de Providence: «Quand on se faisait punir pour une connerie qu’on avait pas faite […], on allait chercher le responsable en dehors, et soit il se montrait infiniment convaincant au niveau du remboursement des notes de frais, soit on lui démontait infiniment la gueule.»