Des cérémonies ont récemment souligné le 90e anniversaire de la bataille de Vimy. Au même moment, je lisais le tout dernier roman de Jean-Louis Grosmaire, Tu n’aurais pas dû partir, un ouvrage dont l’action se situe en grande partie en France durant la Première Guerre mondiale. Œuvre de fiction qui s’abreuve immanquablement à une tragique réalité.
Dès les premières pages du roman, Louison Javelier rencontre James Miller. Assis sur un billot face à la rivière des Outaouais, ils regardent les bernaches et James dit que ces oiseaux forment un couple pour la vie. Louison répond que seule la mort peut les séparer. Conversation qui annonce déjà le dénouement?
Quoi qu’il en soit, en entamant ce roman le lecteur fait la connaissance de la famille Javelier, des Français établis à Hull (aujourd’hui Gatineau). Ces Français sont des Franc-Comtois, tout comme l’auteur qui précise que les noms des villages français dans son roman sont fictifs.
Louison travaille à l’Hôpital général d’Ottawa et James, un Chinois, est à l’emploi du Victoria Yacht Club, à Aylmer. Leur rencontre est un coup de foudre. Mais James est un Chinois, un déraciné, un banni (nous sommes dans les années 1910).
Ne se sentant pas digne de Louison, une Blanche, il s’enrôle dans l’armée dans l’espoir de combattre au front, peut-être en libérant la France de sa dulcinée. «Enfin je vais devenir un vrai Canadien, comme les autres. À nous les Chinois, la guerre apportera la reconnaissance. Les gens nous accepteront davantage en raison de nos sacrifices pour le pays», se dit-il.