Vous vous souvenez peut-être de l’Affaire Coffin qui a secoué le Québec des années cinquante. Daniel Poliquin s’inspire de ce meurtre de trois chasseurs américains et de la pendaison de Wilbert Coffin, le 10 février 1956, pour nous livrer «un chef-d’œuvre de roublardise narrative»: Cherche rouquine, coupe garçonne.
La narratrice est la rouquine du titre, mais on apprend son identité qu’au milieu du roman. Le ton est celui d’une simple conversation ou jasette, dont voici un exemple: «Mais mettons que ça va pas très bien de ce temps-ci, que ça a tout l’air que mes aspirations de jeune fille vont attendre en coure un bout. Même qu’elle ont l’air parties pour attendre toujours.»
Ce ton fait parfois sourire. Un personnage qui a posé un bon geste dit qu’«une fille comme moi qui va jamais à la messe est bien obligée d’être charitable si elle veut aller au ciel après sa mort». Plus loin, la narratrice fait remarquer que, «quand je m’apprêtais à visionner un film de fesses, j’aimais me faire croire que je pratiquais mon anglais comme ça».
Une grande partie de l’action se passe à Ottawa, lieu d’origine d’Odette. J’ai retrouvé des lieux aujourd’hui disparus, comme le Couvent de la rue Rideau et le restaurant Del Rio. Quelques lecteurs franco-ontariens s’apercevront que le village forestier de Dubreuilville devient, ici, Painchaudville.
Dans le roman, l’accusé s’appelle William Moore Blewett, un homme «généreux jusqu’à l’imbécilité». Ce prospecteur est reconnu coupable du meurtre d’un couple américain en vacances à l’Anse-Pleureuse, en Gaspésie.