La pollution par les plastiques nuit aux écosystèmes de la baie Georgienne

pollution plastique baie Georgienne
Un paysage typique de la baie Georgienne, la partie Est du lac Huron au Nord de Toronto. Photo: Parcs Ontario
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 09/08/2022 par Alexandra Snider

Les écosystèmes des Grands Lacs et de la baie Georgienne sont menacés par la pollution d’objets en plastique jetés par les gens… Mais également par des particules de plastique contenus dans les eaux de lavage et qui se rendent jusqu’aux cours d’eau.

Les mégots de cigarette

Sean Mullin, directeur du projet Diversion 2.0 de l’organisme Georgian Bay Forever, remarque que la plus grande forme de pollution de macroplastique, des plastiques de plus de cinq millimètres de longueur, est constituée de mégots de cigarette.

«Ils passent dans nos caniveaux, dans les collecteurs d’eau de pluie, dans nos égouts et la plupart du temps ils sont relâchés dans nos cours d’eau, notamment dans la baie Georgienne.»

pollution plastique baie Géorgienne
Ashley Morrison.

Pourtant, la pollution par les microplastiques, des particules de moins de cinq millimètres de longueur, est également importante.

«Une façon très commune pour que les microfibres et les microplastiques infiltrent notre eau est par nos laveuses. Une seule brassée de lavage peut relâcher jusqu’à 700 000 microfibres», rapporte Ashley Morrison, directrice du projet Divert and Capture de l’organisme Georgian Bay Forever.

Publicité

Les microfibres sont une forme de microplastique. Elles sont souvent retrouvées dans nos vêtements qui sont composés de fibres synthétiques ou de fibres qui ont subi un traitement chimique.

Effets environnementaux et humains

Les microplastiques ont des effets graves sur les poissons de la baie Georgienne. Ashley Morrison explique qu’une étude datant de 2021 a trouvé que 100% des poissons étudiés contenaient des microplastiques.

Elle raconte que les microfibres et les microplastiques sont si petits, que les poissons peuvent les manger mais ils ne sont pas capables de les digérer. «Les poissons finissent par consommer de grandes quantités de plastiques et, n’ayant plus faim, ils peuvent soit mourir de faim ou être extrêmement mal nourris.»

pollution plastique baie Géorgienne
Une étudiante de Georgian Bay Forever vide un bac marin et en examine le contenu. L’organisme a 21 bacs dans la baie Georgienne, allant de Tobermory à Parry Sound. Photo: Georgian Bay Forever

Mme Morrison dit que cette malnutrition crée des «délais dans l’émergence de certaines sources de nourriture à des moments clés, ce qui crée des répercussions dans toute la chaîne alimentaire». De plus, les produits chimiques de certains plastiques peuvent également causer des déformations et des délais de croissance chez les poissons.

Quant à l’impact humain, Mme Morrison constate qu’il y a «des statistiques alarmantes à présent. En moyenne, les humains consomment cinq grammes de microplastiques par semaine, ce qui équivaut à la taille d’une carte de crédit».

Publicité

Cette quantité peut augmenter si la personne se sert d’une cafetière Keurig et de bouteilles d’eau en plastique. Toutefois, elle avoue que plus de recherches doivent être menées afin de déterminer l’impact des microplastiques dans nos corps.

Limiter la pollution de plastiques

Georgian Bay Forever a mis sur pied de nombreuses initiatives pour capturer les plastiques avant qu’ils ne se rendent dans la baie Georgienne.

Sean Mullin explique que pour capturer les macroplastiques, l’organisme a installé des filets pour capturer des plastiques à l’extrémité des tuyaux d’écoulement, des filtres dans les égouts pluviaux et des bacs qui collectent des plastiques dans la baie Georgienne.

«Notre plus grand projet est celui des bacs marins. C’est une technologie qui fonctionne en créant une succion à la surface de l’eau, afin d’aspirer toutes sortes de matériaux.» Ces bacs réussissent également à capturer des microplastiques venant des vêtements, mais également issus de la dégradation des macroplastiques.

pollution plastique baie Géorgienne
Les déchets ramassés suite à une initiative de nettoyage des rives de Georgian Bay Forever. Durant l’été, il y a des initiatives à chaque semaine à Collingwood. Photo: Ashley Morrison

Quant au projet de Ashley Morrison, Divert and Capture, elle promeut l’installation de filtres qui capturent jusqu’à 89% de microfibres relâchés lors du processus de lavage.

Publicité

L’organisme installe ces filtres dans 300 maisons à Collingwood, à Wasaga Beach et à Blue Mountain et étudiera l’impact des filtres dans la communauté. Selon Mme Morrison, il est important de capturer autant de microfibres que possible au domicile.

«L’usine de traitement des eaux peut capturer jusqu’à 99% des microfibres, mais celles-ci sont emprisonnées dans la boue de l’effluent, qui est ensuite répandue sur les champs agricoles.» Les microfibres peuvent ensuite se rendre jusqu’aux cours d’eau.

Changer ses habitudes

Ashley Morrison encourage le public à se sensibiliser, à donner une nouvelle vie à ses vieux vêtements, et à prendre part à l’action politique.

Elle préconise notamment l’écriture d’une lettre d’appui à son député provincial afin d’appuyer l’approbation du projet de loi 102, qui fera en sorte que «toutes les laveuses vendues seront obligées d’avoir un filtre de microfibres installé dans la machine».

Sean Mullin encourage les gens à réduire la quantité de plastique à usage unique dont ils se servent. «Si on utilise moins comme consommateur, on aidera à détourner une grande partie des microplastiques des cours d’eau.»

Publicité

C’est certain que les plastiques sont une partie de notre vie quotidienne. Pourtant, Sean Mullin espère que «notre situation s’améliorera et qu’avec l’éducation du public et la modification des comportements on pourra limiter la quantité de plastique dont on se sert chaque jour».

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur