La Petite France, sanctuaire de la bonne cuisine

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Publié 09/06/2009 par Khadija Chatar

Après avoir goûté à la cuisine de Gilbert, le chef du restaurant La Petite France, situé au 3317, rue Bloor Ouest, on se dit que le paradis de la vraie gastronomie française existe bien et, encore mieux, qu’il est à Toronto!

Gilbert le chef cuisinier, originaire de Normandie, se veut discret. Il ne révèle pas son nom de famille mais plutôt les saveurs qui se dégagent de ses poêles et casseroles. Quel plaisir alors de déguster les cuisses de grenouilles poêlées à l’ail et au beurre.

Savoureuses et cuites juste à point, elles sont servies recouvertes simplement de carrés de tomates et de persil frais. «Les cuisses de grenouilles, Gilbert a fait ça toute sa vie», dit Patrick Kleinmann, le propriétaire de La Petite France, originaire d’Alsace, avant d’ajouter: «on n’est certainement le seul restaurant français de la ville à encore les préparer de cette façon.» Il est facile d’y croire lorsque l’on apprend que le chef de La Petite France est le même que celui qui tenait Les grenouilles, ancien restaurant spécialisé dans la préparation de ce met particulier, qui a fermé aujourd’hui.

Une entrée, donc, qui mériterait les étoiles de tous les guides de cuisines si elle ne devait partager la vedette avec d’autres dégustations aussi délicieuses, telles que Les escargots flambés à la bourguignonne qui feraient oublier même à l’Américain le plus moqueur tout sentiment de répulsion.

Autre délice: la soupe à l’oignon gratiné qui ne l’est pas uniquement dans son menu, comme dans plusieurs restaurants. La croûte épaisse du gruyère est bien là et toute croustillante. Elle recouvre sous la cuillère gourmande une lave appétissante d’oignons caramélisés.

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Le Beignet de crabes épicés, quant à lui, retrousse le nez si l’on n’y prend pas garde. Et il y parvient surtout si la bouchée est d’abord trempée dans le coulis, d’apparence innocent, fait de mangues, de piments et, pour brouiller les sens, d’eau de fleurs d’orangers.

Cette liste de plats dont le seul objectif est d’ouvrir l’appétit poursuit son jeu de séduction gustative avec des mets, plus consistants, livrés jalousement par le chef Gilbert. La parade commence! Arrivent Le carré d’agneau sauce dijonnaise accompagné de frites allumettes et colorés de quelques légumes cuits en vapeur.

Juteux à souhait, le relevé de la moutarde de Dijon est tempéré par un nuage de crème. La sole meunière couchée sur un tapis de riz et maquillée de verdure est un met frais et léger pour celles et ceux qui préfèrent ne pas trop s’évertuer à essayer des mélanges inconnus. Le canard Calvados, décoré d’une dentelle de pommes dorées au beurre, est aussi agréable à regarder qu’à savourer. «Un régal!», partage Esther, une dégustatrice.

Le Curry à la française

Pour en arriver là aujourd’hui, La Petite France a parcouru la longue course de l’excellence gastronomique. 22 ans d’existence n’est pas chose commune dans le monde difficile de la restauration.

Patrick Kleinmann qui, en a repris les rênes depuis trois ans seulement, à un objectif clair: faire connaître les saveurs de la cuisine française, non seulement à une clientèle avertie, mais aussi à celle plus méfiante. «On se focalise surtout sur la nourriture. Pas tout le monde mange du foie de veau ou des andouillettes.

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On adapte aussi nos plats. Les crevettes au curry, par exemple, ne goûtent pas la même chose que dans d’autres cuisines. C’est un curry léger à la française. Il y a de la crème dedans et les gens l’adorent», confie-t-il.

De même que les vins qu’il propose en accompagnement des plats; ceux-là ne sont généralement pas méconnus et obscurs. «Le menu est déjà assez compliqué, je n’ai pas envie d’en ajouter plus avec les vins», justifie-t-il.

M. Kleinmann, en plus d’être propriétaire, est aussi pâtissier de formation. Rien de surprenant que chacun de ses desserts fasse remonter à la surface les vieux souvenirs de notre enfance. De la tarte au citron, Patrick en parle avec fierté: «C’est la plus simple qui existe. Elle est préparée avec des citrons frais que nous pressons nous-mêmes et pas du jus déjà en bouteille. Ici, nous prenons le temps de préparer chaque chose». La crème brûlée est un pur régal. «Elle a été votée la meilleure de la ville, il y a 10 ans de cela.»

Sa légèreté et son goût crémeux à la fois nous laissent tout simplement sans commentaires, si ce n’est qu’elle mérite d’être dégustée avec tout le respect qui est dû à son chef.

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