Nul besoin de tous les doigts d’une main pour compter les nouveaux immeubles à bureaux érigés au centre de la ville depuis 10 ans. Si la pause a été heureuse pour la santé urbaine en laissant la place à une forte occupation domiciliaire, il faut néanmoins se réjouir que des projets commerciaux, signes de la vitalité économique, soient sur le point de voir le jour.
Il faut aussi souhaiter que les éventuels immeubles poursuivent la tendance que semblent dessiner les derniers projets et qui consiste à composer avec ce qui existe déjà plutôt que de sans cesse repartir de la table rase, surtout quand ce qui existe est précieux.
Inaugurée il y trois ans, la tour de la Maritime Life au coin des rues Yonge et Queen conserve l’élégante façade classique et l’intérieur d’une succursale presque centenaire de la Banque de Montréal. Même si la relation entre l’édifice historique et la tour moderne qui le surmonte est loin d’être idéale, la conversion en une spacieuse station de métro profite à la collectivité.
Thomas Payne de la firme Kuwabara Payne McKenna Blumberg, qui achève présentement la construction de la nouvelle tour de la compagnie Canada Life, avait à composer avec un contexte beaucoup plus complexe et est parvenu à un résultat qui enrichit davantage le milieu.
Située au coin de la rue Queen et de l’avenue University, la nouvelle construction se dresse parmi un groupe d’édifices historiques et publics majeurs, dont l’hôtel de ville et Osgoode Hall. Elle se situe aussi dans le voisinage d’édifices diversifiés de chaque côté de l’avenue University et il lui fallait tenir compte de l’écart de taille considérable qui distingue les immeubles de cette artère de ceux bordant la rue Queen. L’architecte a composé avec toutes ces contraintes pour créer un édifice remarquable tourné autant vers l’avenue University dont il est éloigné que vers la rue Queen où il a son adresse.
Ce que l’on remarque d’abord c’est la fragmentation de la masse par les contrastes de formes et de matériaux. Les contrastes ont généralement pour résultat de rendre un gros immeuble plus vivant et moins monotone, mais ici la fragmentation permet en outre de faire la transition entre les édifices de gros gabarit à l’est et ceux de beaucoup plus petite taille à l’ouest.