La NASA a un expert en fin du monde

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Publié 09/10/2012 par Agence Science-Presse

Si le nombre de questions qui se rendent jusqu’à la NASA devait servir d’indicateur, il faudrait conclure qu’il existe un très grand nombre de gens qui sont véritablement angoissés à l’idée d’une fin du monde le 21 décembre 2012.

Pas moins de 30 personnes, chaque semaine, interrogent l’astrophysicien David Morrison qui, à la NASA, s’est transformé depuis trois ans en un missionnaire de l’information rigoureuse sur… la fin du monde en 2012.

Il a même produit des vidéos — et du coup, il a découvert à quel point un «croyant» peut se révéler résistant devant une information rigoureuse.

Un exemple parmi les nombreux courriels reçus, fourni récemment par Morrison: «[La planète] Nibiru existe et je peux le prouver. Nibiru est dans l’Ancien Testament et l’Exode et vous, la NASA, surveillez Nibiru depuis un télescope de l’hémisphère sud et vous pouvez voir Nibiru en plein jour. Ça vous suffit, comme preuve?»

Un autre exemple, tel que cet astrophysicien le décrivait le mois dernier au blogueur Dan Duray: «Il n’est pas rare qu’un courriel commence par “Cher Monsieur. Je sais que vous travaillez pour le gouvernement et qu’on ne peut pas vous faire confiance… Toutefois…”»

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Mais on aurait tort d’en rire, poursuit-il, quand on lit des choses comme celle-ci: «J’ai 11 ans et j’entends tous mes amis qui disent que la fin du monde approche. Je ne peux pas dormir. Je ne peux pas manger. J’ai peur. Je pense au suicide. Que puis-je faire? Pouvez-vous m’aider?»

David Morrison semble en vouloir aux médias généralistes, pour ne pas avoir traité davantage de cette peur de fin du monde, qui lui semble être un phénomène social trop répandu pour être pris à la légère.

Il reproche aussi à ses collègues scientifiques de ne pas avoir attaqué suffisamment ces fausses croyances, auxquelles Internet donne une importance démesurée — Nibiru, le centre de la galaxie, l’axe de la Terre, les tempêtes solaires, le calendrier maya, et autres mythes.

D’un autre côté, il n’avait pas commencé son travail pédagogique avec cette thématique douteuse: en fait, Morrison, aujourd’hui âgé de 72 ans, était connu depuis la décennie précédente, à travers sa page «Ask an Astrobiologist», où se côtoyaient les questions les plus sérieuses comme les plus farfelues sur la recherche de vie extraterrestre.

C’est là, raconte-t-il, qu’en décembre 2007, il a reçu pour la première fois des questions sur une mystérieuse planète Nibiru, censée revenir dans notre voisinage tous les 3600 ans, et dont le prochain passage à proximité de la Terre serait donc prévu pour le 21 décembre 2012. Surtout — ingrédient indispensable pour garder en vie une croyance du genre —, il s’agirait d’une planète à propos de laquelle la NASA garderait le secret.

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Dès décembre 2007, il a donc expliqué pourquoi une telle planète ne peut pas exister, et pourquoi, si elle existait, même les astronomes amateurs seraient capables de la voir depuis une décennie.

Depuis, le sujet a refusé de mourir: 5000 courriels en quatre ans, selon son estimation personnelle.

Lui qui avait jadis admiré l’astronome et vulgarisateur Carl Sagan pour son aisance à la télévision, s’est transporté sur YouTube. Son vidéo The Truth About Nibiru a été vu des centaines de milliers de fois. Malheureusement, il a aussi généré 6000 commentaires, pas nécessairement du type espéré…

«Je suis un peu choqué», dit-il, «par le nombre de jeunes gens qui partent de la prémisse que si c’est sur Internet, ça doit être vrai. Certains sont même astucieux: ils vont prendre mes vidéos, qui commencent par une image de moi et d’un logo de la NASA, et vont mettre ça au début de leur propre vidéo avec un titre comme “La NASA confirme Nibiru et la fin du monde”!»

www.sciencepresse.qc.ca

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