La mobilisation franco-ontarienne est «modérée»

Martin Normand
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Publié 01/11/2016 par Gérard Lévesque

Le niveau de mobilisation d’une minorité linguistique varie en fonction de sa satisfaction à l’égard du régime linguistique, et cette satisfaction est liée à la perception qu’ont les groupes quant aux succès ou aux échecs de leurs mobilisations linguistiques.

C’est ce qu’explique l’universitaire Martin Normand dans sa thèse de doctorat intitulée La mobilisation linguistique au Pays de Galles, en Ontario et au Nouveau-Brunswick (1962-2012): cycles de mobilisation et rémanence dans une perspective comparée.

Les minorités linguistiques francophones au Nouveau-Brunswick et en Ontario et la minorité galloisante au Pays de Galles ont plusieurs éléments en commun. Elles se sont dotées d’un réseau associatif dense qui a mené de front plusieurs luttes, souvent avec succès, et qui a eu pour résultats l’amélioration de la situation sociopolitique et la reconnaissance symbolique de la communauté minoritaire.

Le statut légal et social de la langue minoritaire a relativement progressé dans les trois cas, grâce à l’adoption de lois et de politiques linguistiques. Elles ont accès à des institutions qui leur permettent de faire entendre leurs voix ou encore de se gouverner, que ce soit par l’entremise de leurs gouvernements locaux ou des assemblées législatives, et peuvent compter sur un ombudsman linguistique.

La principale différence entre ces trois cas réside dans le niveau de mobilisation linguistique que l’on y observe. On peut le qualifier d’élevé au Pays de Galles, de modéré en Ontario et de faible au Nouveau-Brunswick.

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Comment expliquer cette différence malgré un contexte similaire dans chacun des cas? En s’inspirant des travaux sur la mobilisation linguistique, sur la rémanence et sur les régimes linguistiques, Martin Normand propose une hypothèse qui établit un lien causal entre la satisfaction des groupes représentant les minorités linguistiques à l’égard des régimes linguistiques et le niveau de mobilisation.

Selon lui, quand une minorité linguistique considère que sa mobilisation linguistique n’a pas obtenu le succès escompté et que le régime linguistique ne répond pas à ses principales attentes, les organisations qui la représentent maintiennent un niveau élevé de mobilisation.

À l’inverse, quand une minorité linguistique perçoit que sa mobilisation linguistique a connu du succès et que le régime linguistique répond à ses principales attentes, les organisations se réorganisent et entrent en rémanence.

C’est ainsi qu’au Pays de Galles, le niveau de mobilisation des Galloisants demeure élevé parce que les modifications apportées au régime linguistique gallois ne répondent toujours pas aux attentes formulées par les acteurs de la société civile et ces acteurs ne considèrent pas que leur mobilisation a connu les succès escomptés.

En Ontario, le niveau de mobilisation est modéré, parce qu’après une période de rémanence suivant un succès de la mobilisation linguistique, elle a repris une certaine vigueur alors que certains acquis étaient menacés.

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Au Nouveau-Brunswick, la mobilisation linguistique est en rémanence après que la mobilisation ait atteint sa finalité, c’est-à-dire qu’elle a connu le succès qu’elle recherchait, mais les acteurs de la société civile ne sont pas pour autant absents de l’espace public.

Martin Normand est chercheur postdoctoral à la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques de l’Université d’Ottawa. Il mène présentement une recherche sur «l’offre active» de services en français, financée par l’Institut de recherche de l’Hôpital Montfort et le Consortium national de formation en santé – volet Université d’Ottawa. Il détient un doctorat en science politique de l’Université de Montréal. Il peut être rejoint par l’entremise de l’adresse courriel [email protected]

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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