Dans ses récentes communications, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a confirmé vouloir «légaliser, réglementer et restreindre» l’accès à la marijuana d’ici l’été 2018. Le projet de loi sur lequel planche le député Bill Blair (l’ancien chef de la police de Toronto!) serait déposé sous peu.
Les Libéraux avaient promis une telle évolution de la législation; ils tiennent parole. Ce n’est pas comme la réforme du système électoral, beaucoup plus complexe et controversée, qu’on a eu raison d’abandonner, du moins pendant ce premier mandat.
Et décriminaliser est plus facile, normalement, que criminaliser: on est censé éliminer diverses dispositions du Code criminel et relâcher des condamnés, plutôt que rédiger de nouvelles lois et surveiller, arrêter, juger et enfermer du monde.
Je parierais que les Libéraux ne résisteront pas à la tentation d’ajouter une nouvelle couche de bureaucratie en décriminalisant la marijuana, ne serait-ce que pour rassurer les sceptiques et limiter les retombées politiques négatives. Mais rendons à Justin ce qui revient à Justin: la réforme est nécessaire; elle l’était depuis des décennies.
Surtout, c’est une question de principe: l’abus ou seulement la consommation occasionnelle de marijuana (même, à mon humble avis, l’usage d’hallucinogènes et de drogues plus «dures» comme l’héroïne, la cocaïne et les anti-douleur) est un problème de santé, pas de justice. C’est un «crime» qui ne fait pas d’autres «victimes» que le «criminel» lui-même, comme d’ailleurs la prostitution et le jeu, qu’on devrait aussi laisser tranquille.