La Machine à dire produit du Ionesco au Théâtre Glendon

Une parodie masquée

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Publié 05/05/2009 par Guillaume Garcia

Jacques est issu d’une famille aux règles très strictes. On ne badine pas avec les patates au lard, il faut les aimer, le respect de la tradition est en jeu. Mais Jacques n’aime pas ce plat. Toute la famille tente de lui faire entendre raison. Jacques ou la soumission est la deuxième pièce écrite par Eugène Ionesco et la compagnie torontoise La Machine à dire l’a adaptée et la présente jusqu’au 9 mai au Théâtre Glendon.

Cinq élèves du Lycée français, un ancien élève et quatre adultes ont travaillé fort sous la houlette du metteur en scène Christophe Bauzet pour atteindre un niveau d’interprétation maximum. «Je leur demande un niveau quasi-professionnel, explique le professeur de mathématiques du LfT, cela implique un niveau d’investissement en temps et en énergie très grand pour aboutir à quelque chose qui tienne vraiment la route.»

Les comédiens jouent le jeu et cela donne un résultat surprenant. Le moins que l’on puisse dire est que vous ne vous endormirez pas pendant la représentation! La pièce de Ionesco raconte une histoire liée à la bourgeoisie, mais en la parodiant. Les patates au lard symbolisant les codes dépassés et futiles d’une famille classique. Le coup de poker tenté par Christophe Gauzet et sa bande se trouve dans les masques portés par les acteurs. Ils collent bien avec l’exagération souhaitée par le metteur en scène: «On joue à fond la parodie.»

Le résultat est une double pièce. On assiste à deux spectacles.

D’une part, le texte, les comédiens le disent, cela suffit pour comprendre l’histoire. Mais la belle surprise vient de l’implication physique que mettent les membres de la compagnie la Machine à dire dans leurs personnages. Ils dansent, chantent, sautent, courent à quatre pattes… Dernière conséquence, l’inutilité de décor. Un tapis, deux fauteuils et le tour est joué.

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Les lumières, la musique servent de cadre à la représentation. Les couleurs sont exagérées aussi, le second degré s’invite dans tous les pans de la pièce. À raison de deux répétitions par semaine depuis le mois de décembre 2008, la compagnie est parvenue à montrer toutes les facettes de personnages hilarants bien qu’acteurs d’une réalité peu comique. Les jeunes ont vraiment adhéré au grain de folie que voulait apporter Christophe Bauzet et il l’avoue lui-même, «ils tiennent la pièce tout seuls maintenant».

Le succès de l’adaptation tient du fait de la belle harmonie qui règne dans le groupe, entre les jeunes et les adultes. «Ils nous apportent de la fraicheur», lance Gaëlle qui a rejoint la compagnie cette année après avoir vu la dernière pièce de la Machine à dire. Du côté des élèves, c’est la présence de personnes plus confirmées qui représente un plus. «Jouer avec des adultes, ça me motive», confirme Léa du Lycée français de Toronto.

Pourtant tout n’était pas gagné d’avance quant au choix de l’exagération totale. «Au début on se dit c’est quoi ce truc puis au final ça nous parait normal», reconnaît Léa. Le secret serait de se mettre en «mode excessif»… Les deux comédiennes assurent de concert qu’il y a une certaine jouissance à jouer autant avec le corps, d’être aussi expressif. «Ça défoule», résumeront-elles. Cela tombe bien, le plaisir est partagé!

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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