La luminescence de l’argent péruvien

Au University of Toronto Art Centre

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Publié 04/02/2013 par Paul-François Sylvestre

Jusqu’au 9 mars prochain, plus de 140 pièces en argent du Pérou sont en montre au University of Toronto Art Centre. L’exposition Luminescence: The Silver of Peru est le fruit de quatre années de recherches et de planification par le conservateur Anthony Shelton, directeur du Musée d’anthropologie de l’Université de la Colombie-Britannique.

Luminescence est la plus importante collection du genre à être présentée au Canada. L’exposition retrace l’histoire de l’argent dans la culture péruvienne et rappelle la fascination récurrente que ce métal exerce encore aujourd’hui de par ses qualités à la fois divines et luminescentes.

Les artefacts couvrent plus de 2000 ans, soit les périodes précolombienne, coloniale, républicaine et contemporaine. Plusieurs d’entre eux n’avaient jamais encore quitté le Pérou. Et toutes les pièces modernes ont remporté des prix comme chefs-d’œuvre.

Pour les Incas, l’argent est associé aux larmes de Mama Quilla, la déesse lunaire dont le pouvoir s’étend sur l’eau, la pluie, le monde sous-terrain, la nuit et la fertilité. L’or, lui, symbolise la sueur du soleil.

Il faut voir l’exposition pour s’émerveiller devant le jeu de lumière et de couleur. C’est particulièrement le cas lorsqu’on admire l’esprit du dieu Supay qui, selon la légende, serait propriétaire des riches dépôts d’argent cachés dans les entrailles de la Terre; Supay serait le dieu protecteur des mineurs. Il en va de même pour l’artefact Madre Spondylus (mollusque marin bivalve). Ces deux œuvres de petite taille sont contemporaines.

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L’exposition inclut des bijoux, des masques, des bols, bouteilles et verres, ainsi que des pièces vestimentaires, dont une somptueuse tunique, entièrement en argent, de la civilisation Chimu qui remonte aux années 1450, et des couronnes serties de pierres précieuses. On peut aussi admirer une peinture de la Vierge Marie et la reconstruction d’un autel entièrement en argent datant du XVIIIe siècle.

Il faut préciser, ici, que les propriétés réflectives de l’argent et de l’or ont été exploitées par les colonisateurs espagnols. Durant l’ère coloniale, l’Église catholique et la vice-royauté ont utilisé de nouvelles techniques pour incorporer les métaux précieux dans les peintures. L’une d’elles représente saint Éloi, patron des orfèvres.

On peut admirer des couronnes, des diadèmes, des croix processionnelles et une crosse d’évêques. Les pièces religieuses comportent aussi des ostensoirs et encensoirs, un calice et un tabernacle.

L’exposition présente une intéressante petite pièce. Il s’agit d’un flacon de parfum représentant un tatou (armadillo) et datant du XIXe siècle. Il y a aussi des flacons en forme d’ananas, de paon ou de cerf.

Cela illustre bien comment les artistes péruviens se sont carrément éloignés des thèmes européens pour se consacrer à la flore et la faune sud-américaines.

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Le Centre d’art de l’Université de Toronto est situé au 15 King’s College Circle, tout près du métro Queen’s Park. L’entrée est gratuite.

Les heures de visite sont de midi à 17h les mardis, jeudis et vendredis, de midi à 20h les mercredis et de midi à 16h les samedis. Le Centre est fermé les dimanches et lundis.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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