Les mots français sont-ils le plus souvent dérivés de mots latins? Le français a-t-il emprunté une kyrielle de mots à des langues étrangères? Comment les mots nouveaux sont-ils fabriqués? Voilà quelques questions auxquelles Gaétan St-Pierre tente de répondre dans Histoires de mots solites et insolites.
Le vocabulaire est la composante de la langue la plus mobile, la plus changeante, la plus malléable. Des mots meurent, d’autres naissent, d’autres subissent des changements phonétiques, des changements de forme, et la plupart connaissent des changements de sens.
À titre d’exemple, le mot pédale a connu une évolution de sens. Cet emprunt à l’italien pédale est issu du latin pedalis (relatif au pied). À l’origine, pédale désigne le levier d’un instrument de musique (pédale d’orgue). À la fin du XVIIIe siècle, il s’applique également à «pédale d’un tour de potier» ou «pédale d’une machine à coudre», puis aux pédales d’une bicyclette à la fin du XIXe siècle.
Les dérives ne manquent pas. Le verbe pédaler s’impose, puis pédaleur et pédalier. Le mot pédale se trouve aussi dans plusieurs locutions familières: pédale douce, perdre les pédales, pédaler dans la semoule (se démener en vain). Et il y a, bien entendu «être de la pédale» qui signifie être homosexuel.
Les emprunts à d’autres langues sont nombreux. Le russe nous a donné béluga, mammouth et mazout. La pâtisserie et la danse ont emprunté baba, meringue, mazurka et polka au polonais. Les mots goulache et paprika sont hongrois. Le japonais nous a donné geisha, haïku, soya et tofu.