La gravure, un art à part entière

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Publié 30/10/2012 par Gabriel Racle

Pour compléter la série d’articles que nous consacrons à des beaux-arts moins connus, il convient de traiter de la gravure, dont on parle habituellement peu. Alors que la peinture nous évoque des noms célèbres – essayez ce petit jeu et vous serez surpris par l’étendue de vos connaissances – nous ne trouvons pas facilement des noms de graveurs dans les replis de notre mémoire.

Un petit livre, publié à l’occasion d’une exposition, va nous aider à combler cette lacune et à nous révéler les noms d’artistes graveurs au fil de l’histoire et les techniques diverses utilisées par ceux-ci, et qui sont parfois surprenantes.

L’art de la gravure

C’est un travail artistique qui consiste à faire apparaître un dessin sur un matériau en creusant ou en incisant celui-ci pour obtenir un jeu de reliefs et d’espaces vides, qui met en valeur la création artistique. Par des procédés d’encrage et d’impression, on peut ensuite obtenir la reproduction de la création artistique sur un support, comme une feuille de papier.

L’impression est bien ici conforme à cette définition,«l’action ou manière de tirer des empreintes d’une surface où il y a des creux ou des saillies propres à se charger d’une couleur qui, par compression, se reporte sur une autre surface».

Il existe plusieurs techniques pour obtenir cette alternance de creux et de reliefs selon le matériau de base utilisé et la façon dont l’artiste graveur entend procéder.

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Historiquement, la gravure existe depuis l’époque préhistorique, sans but de reproduction. On retrouve des dessins ou des marquages gravés sur des os, des pièces d’ivoire, des parois de cavernes. Est-ce une imitation des griffures bien visibles laissées par des ours?

Quelques techniques

La gravure en mouvement du XVe au XXIe siècle, Propriété Caillebotte, Yerres, France, 2012, 26×20 cm, 84 p., quelque 80 illustrations, 15 €, consacre un chapitre très documenté aux différentes techniques utilisées par les artistes.

La gravure sur bois existait en Chine depuis très longtemps. Elle a fait son apparition en Occident sans doute vers la fin du XIVe siècle. On appelle aussi ce type de gravure taille d’épargne, parce que l’on épargne les parties qui seront reproduites par encrage et qui restent au niveau de la planche de bois en reproduisant le dessin.

Alors que la gravure sur bois se fait avec un canif, un ciseau à bois, une gouge, la gravure sur métal, une plaque de fer ou de cuivre, se fait avec un burin ou une pointe sèche, une technique héritée des orfèvres.

Elle apparaît vers le milieu du XVe siècle, avec l’invention, pour l’impression de ces plaques gravées, de la presse à taille-douce, en Flandre ou en Rhénanie.

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La technique de l’eau-forte, employée dès le Moyen Âge par les orfèvres arabes en Espagne, est appliquée dès le XVe siècle à la production d’images.

On recouvre une plaque de métal d’une couche de ventis protecteur au bitume. L’artiste, l’aquafortiste, dessine avec une pointe sa création, puis la plaque est plongée dans un bain d’acide nitrique qui ronge le métal là où le vernis est enlevé. Plus tard, on nettoie la plaque qui sert à l’impression du dessin en creux.

Histoire

On trouvera plus de détails sur ces techniques et d’autres dans le petit livre cité plus haut, qui comporte aussi deux chapitres novateurs et très intéressants sur «Les grands maîtres anciens du XVe au XIXe siècle» et «La gravure du XXe au XXIe siècle». Ces pages présentent les grands graveurs de ces époques par une notice biographique explicative, et avec une reproduction de leurs œuvres.Il faut lever une ambiguïté causée par ce que certains appellent «un abus de lamage», la confusion entre «gravure» et «estampe», l’estampe étant la production imagée obtenue à partir d’une gravure encrée, de bois ou de métal.

Par ailleurs, le monde de la gravure est un monde à l’envers. Une estampe est l’endroit d’une gravure qui, elle, est l’envers d’une estampe. Pour reproduire une scène, un paysage, le graveur doit faire un minutieux travail d’inversion, sinon il faudrait utiliser un miroir pour redresser l’image.

Graveurs célèbres

Dans les listes des graveurs, quelques noms nous sont plus familiers, mais c‘est aussi l’occasion de découvrir d’autres grands maîtres et de s’initier ainsi à l’art de la gravure. Albrecht Dürer (1471-1538), dessinateur, peintre, graveur et mathématicien allemand, est l’auteur de plusieurs gravures.

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Avec l’Apocalypse, gravée sur bois, «Dürer élève cette technique au rang d’art graphique», dont Les quatre cavaliers (reproduits dans l’ouvrage). «Dürer a su en rendre dans un mouvement très impressionnant la marche en avant». Autres noms célèbres: Rembrandt, Canaletto, Le Lorrain, Goya, Picasso qui considère la gravure comme un art majeur, et d’autres encore à découvrir. Ce petit livre est un outil merveilleux pour saisir l’essentiel de la gravure et des estampes, histoire et techniques, en quelques pages. Une rare occasion.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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