La fourrure reprend du poil de la bête

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Publié 01/02/2013 par Rita Devlin Marier (La Presse Canadienne)

à 11h19 HNE, 1er février 2013.

MONTRÉAL – Impossible de faire 100 mètres en ville ces jours-ci sans tomber sur une bête sauvage: coyotes, lynx, renards, raton-laveurs, semblent avoir fui les forêts pour se loger sur les capuchons, cache-oreilles, chapeaux et autres accessoires de jeunes branchés.

Autrefois réservée aux manteaux des gens plus aisés et plus âgés ou aux habitants des régions où l’hiver est très rude, la fourrure fait un retour en force et est particulièrement visible en détail sur les manteaux sports prisés par les jeunes.

«Tout le monde en porte maintenant (…) C’est presque comme s’il me fallait un manteau avec de la fourrure pour être à la mode», lance Marie-Anne Milhomme, une cégépienne de 21 ans croisée à un arrêt d’autobus.

Des marques aux allures plus sport comme Canada Goose et MooseKnuckles — cette dernière se targue «d’adapter vêtements canadiens aux goûts du marché urbain» — ont conquis les consommateurs des villes, tandis que des griffes québécoises comme Mackage et Rudsak ont popularisé les grands cols de fourrure sur les manteaux chauds aux coupes ajustées.

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La fourrure d’occasion fait aussi un retour, portée telle quelle ou recyclée au goût du jour, au grand bonheur de l’industrie et au grand dam des militants pour les droits des animaux.

C’est inspirée des Inuits, qui utilisent la fourrure depuis des lustres, que la marque québécoise Kanuk a commencé à offrir de la fourrure pour ses parkas synthétiques il y a une vingtaine d’années.

À l’époque, seulement cinq pour cent de la clientèle garnissait son manteau d’une fourrure. Aujourd’hui, c’est 35 pour cent, raconte Nathalie Mongeau dans l’atelier-boutique montréalais du fabriquant.

Elle explique la progression graduelle par le fait que «ça marche, c’est plus chaud, et il y a quelque chose de réconfortant et de confortable dans le fait d’avoir un accessoire de fourrure près du visage.» Quelqu’un qui a essayé la fourrure va continuer à la porter, soutient-elle, et la fixer sur le capuchon permet de profiter de la matière isotherme là ou elle est le plus efficace, puisqu’elle brise la turbulence du vent.

«La fourrure n’a jamais été aussi populaire qu’aujourd’hui», se réjouit Teresa Éloy, directrice des communications marketing du Conseil canadien de la fourrure. «Le plus fort c’est vraiment le blouson sport» avec un détail de fourrure, observe-t-elle. «Cette mode-là est une tendance de mode de rue très, très forte.»

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Cette présence de fourrure sur des vêtements d’extérieur offerts à tous les prix — mais en général beaucoup plus abordables qu’un manteau entièrement fait de fourrure — a permis de démocratiser la matière, de la rendre plus accessible, et, par le fait même, de la rendre de plus en plus visible et donc populaire, explique-t-elle.

Impact limité

Cette récente popularité est l’élément clé pour l’industrie de la fourrure canadienne, qui estime sa contribution à l’économie du pays à une somme d’environ 800 millions $ par année.

«C’est une opportunité», lance Alan Herscovici, président du Conseil canadien de la fourrure, à propos de la popularité des accessoires de fourrure. «Il y a beaucoup de monde qui ont moins connu la fourrure parce qu’il y a une époque ou on la voyait moins, et tout à coup il y a les jeunes qui la découvrent».

«On est très contents qu’il y ait une nouvelle génération qui porte la fourrure, qui l’adopte, qui l’aime et qui la touche, rajoute Mme Éloy, parce qu’on sait que cette consommatrice-là, dès qu’elle va avoir un peu plus d’argent et qu’elle sera devant le choix, elle va très probablement choisir un manteau en fourrure.»

L’industrie est discrète sur ses chiffres et sur les effets économiques directs au Canada de cette tendance. Mais reste que peu de peaux entrent dans la fabrication d’accessoires et de détails en fourrure.

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Et si les capuchons de fourrure — souvent faits de fourrure dite sauvage — sont plus visibles, le marché mondial de la fourrure reste dominé à 80 pour cent par le vison d’élevage, type de peau qui entre dans la confection de manteaux de fourrure complets, explique M. Herscovici.

Plus fournies, les fourrures utilisées en accessoires insufflent un renouveau aux fourrures sauvages, populaires dans les années 1970 et 1980 mais délaissées dans les dernières années.

«Ce qu’on voit maintenant avec les garnitures, ce sont les fourrures sauvages revenir. Ça commence avec une garniture, sur un capuchon ou sur un col, et puis on voit le renard revenir ou le coyote revenir (à la mode), et on voit les prix remonter, ce qui est très bon pour les trappeurs,» observe-t-il dans son bureau d’un quartier de Montréal où l’on retrouvait jadis plusieurs artisans de la fourrure.

«Maintenant que la fourrure sauvage revient plus à la mode, c’est très bon pour notre secteur qui, soyons honnêtes, est attaqué férocement par le prix de la main-d’oeuvre en Chine» où les travailleurs traitent et transforment les peaux à des salaires moins élevés.

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