La Dempster Highway: aventure extrême, mais accessible, au Yukon et T.N.-O.

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Publié 31/05/2011 par Benoit Legault

Vol de routine vers Vancouver; normalement d’ici, je m’envole pour l’Asie. Mais aujourd’hui, ce sera plus exotique… je pars pour Inuvik, au-delà du cercle polaire, en roulant sur la Dempster Highway, une des routes les plus intrigantes du monde.

Après un court transit au magnifique aéroport de Vancouver, le petit jet d’Air Canada décolle pour Whitehorse. Pendant deux heures nous survolons les chaînes montagneuses de la Colombie-Britannique. Ce délice pour les yeux se termine de manière bucolique dans les verdoyantes vallées du Yukon.

Messe en français

Whitehorse, capitale du Yukon, présente peu de beautés et de surprises, à part cette étonnante messe du dimanche en français qui célèbre la Saint-Jean-Baptiste devant de petites familles attachantes.

La fête de la francophonie nous suivra tout au long de cette semaine de la Saint-Jean 2010 à la poursuite du soleil de minuit.

En effet, il fait clair 24 heures par jour dans le cercle polaire, notre objectif. La route Whitehorse-Dawson City (453 km) est sympathique, mais elle ne vaut pas le voyage comme décrirait le guide Michelin.

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Le lendemain, la Dempster Highway commence sans crier gare – par de l’asphalte sur quelques kilomètres.

465 km de gravier

Quand le ruban de bitume s’efface à la faveur du gravier, le cœur bat plus fort à la pensée que le grondement rocheux des pneus durera 465 km au Yukon et ensuite 275 km dans les Territoires du Nord-Ouest.

La Dempster Highway – The Dempster pour les intimes – a été construite de 1959 à 1979 pour donner accès aux ressources naturelles de l’Arctique. Accessoirement, elle permet aux voyageurs de vivre un fantasme: rouler jusqu’à l’océan Arctique (c’est possible l’hiver sur une route de glace à partir d’Inuvik).

Cette route de gravier repose sur environ deux mètres de terre compressée; sans cette bande isolante, la route s’enfoncerait dans le pergélisol fondu. En véhicule récréatif, nous roulons à 80 km/h en toute sécurité; je suppose qu’en voiture on ferait du 90 km/h tout aussi confortablement. Ouf, je me dis que faire de la planche à laver sur 740 km eut été éprouvant…

Le parc Tombstone

Certains des paysages les plus grandioses de la Dempster s’exposent dès le lever du rideau. Le parc Tombstone s’avère être le premier acte de cette pièce à la mise en scène sauvage. Il y a encore des autocars de touristes, un centre d’interprétation, des dépliants et une salle de toilette qui sent bon. C’est encore de la civilisation, servie sur pergélisol et gravier. Je ne le sais pas encore, mais, quand nous reprendrons la route, ce sera la fin du Canada tel que je le connais.

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Les pics de roc disparaissent, faisant place à des monts verdoyants qui font penser à des paysages du Kazakhstan. On longe aussi une rivière ferreuse aussi rousse qu’une Irlandaise. Il n’y a plus d’arbres, il n’y a plus rien que cette route et ce paysage. Une fois qu’on a apprivoisé le gravier, on apprend à craindre les poids lourds qui soulèvent des nuages opaques de poussière et qui projettent des cailloux.

Après 370 km sans aucun service, nous arrivons au Eagle Lodge. De nombreux poids lourds sont alignés dans le stationnement format géant.

Comme aux antipodes

Le cercle polaire est à 26 km. Énergisés par un grilled cheese et de la salade iceberg, nous ne pouvons attendre au lendemain et partons voir ce cercle. Des motocyclistes américains y célèbrent l’aboutissement de leur voyage. Ils n’iront pas plus loin. Le fond de l’air est froid et les cailloux projetés font peur; mais ils ont le sourire aux yeux, ils sont heureux. Nous aussi. Le cercle polaire est fort joli à cet endroit.

Tôt le lendemain, nous traversons la frontière des Territoires du Nord-Ouest. J’ai visité 57 pays, mais cette frontière territoriale m’a remué. Peu de gens atteignent les Territoires du Nord-Ouest. Les T.N.-O., c’est la valeur de la rareté, c’est aller aux antipodes sans passeport.

La frontière territoriale est tracée dans les belles montagnes Richardson. La Dempster épouse les courbes et les cols de ces montagnes. Tous les sens participent à l’expérience. Paysages, odeurs, son du roulement et du vent s’engouffrant dans les fenêtres baissées. Les deux mains sur le volant, je vis pleinement.

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Infos touristiques: Yukon – travelyukon.com/fr & 1 800 661-0494; T.N.-O. – tourismetno.com & 1 866 849-9139.

Suite et fin la semaine prochaine

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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