Sur ce thème de la «béance», Abderrahman Beggar, (désormais AB) écrit un essai critique de ce que Hédi Bouraoui lui-même appelle la béance, dans son oeuvre. Elle constitue le fond de sa philosophie de l’écriture. L’ouvrage est divisé en trois parties: 1. La béance par rapport à l’instinct de mort 2. Béance et altérité 3. Béance et «nomaditude».
Pour définir cette béance, le plus clair est de donner la parole à Hédi Bouraoui: «BÉANCE, un état de disponibilité et de dynamisme potentiel qui sollicite une complétude créatrice.
Cette béance viscérale ou symbolique produit une énergie créatrice entre deux ou plusieurs présences de graphèmes, de phrases, de voix, de matériaux langagiers, artistiques ou culturels» (Transpoétique).
AB cite judicieusement de nombreux extraits des oeuvres analysées, qui éclaircissent des commentaires souvent difficiles à suivre si l’on n’est pas familier avec l’appareil critique de la psychanalyse, de Freud à Lacan.
Ainsi dans le chapitre sur l’instinct de mort :
«Mais les toits des maisons comme des tombes
S’agencent hécatombe
rectiligne de mots
L’effroi et l’angoisse
se suspendent
Comme ces ponts
qui accouplent
Goulûment les rives » (Bouraoui, Echosmos).