Un grand bol d’air frais dans un monde en technicolor saturé d’images et de sons. Comme une respiration douce et rythmique, la caméra de Claude Gagnon se promène le long de paysages faits de cours d’eaux et de collines verdoyantes baignées d’une lumière pure et franche.
Puis, ce sont des gros plans qui embrassent les êtres, leurs visages et leur intériorité, avec arrêt obligé sur les procédés de la poterie ancestrale, montrant comment l’homme peut vivre en harmonie avec une nature qu’il a su apprivoiser.
Du film de Claude Gagnon, qui a pour titre Kamataki, le spectateur ressort serein et apaisé. Les plans, toujours fixes, se déroulent lentement, glissent des eaux bleues du fleuve St-Laurent à la campagne japonaise en passant par le feu ardent de l’atelier de poterie. Un monde pacifié où le silence, ajouté à un ballet intérieur, celui de la symphonie des sens, parvient à panser les plaies de l’âme.
Au Japon, le kamataki est une technique de cuisson en poterie au cours de laquelle les objets sont placés au four. Ils y cuisent pendant huit jours à des températures très élevées. Huit jours, c’est tout le temps qui faudra à Ken Antoine, un jeune adulte de 22 ans, pour faire la paix avec le passé et rallumer dans son regard une étincelle de vie et d’espoir. Sa guérison spirituelle est le moteur principal et le propos inscrit au cœur du film.
Claude Gagnon signe son retour au cinéma
Sérénité donc, pour une oeuvre aux allures de conte philosophique qui séduit le spectateur par la beauté de ses plans étirés. Sérénité aussi pour Claude Gagnon qui revient au grand écran après une longue absence. Il y avait eu le très populaire Kenny – l’histoire d’un enfant handicapé dans la banlieue de Pittsburgh, aux États-Unis. Ensuite, plus rien ou plutôt de petits murmures.