Joyeuse Saint-Jean-Baptiste!

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Publié 20/06/2006 par Martin Francoeur

Le Québec a fait du 24 juin la journée officielle de sa fête nationale. Pourtant, la Saint-Jean-Baptiste, c’est beaucoup plus que cela. Si vous êtes un francophone de l’Ontario, c’est aussi votre fête. En fait, on dit que c’est la fête de tous les francophones de l’Amérique du Nord. Et c’est aussi une fête patronale qui est soulignée un peu partout dans le monde.

En fouillant un peu dans quelques ouvrages de référence et sur certains sites web, on découvre que la tradition par laquelle on fait la fête le 24 juin remonte à l’Antiquité. De nombreux peuples, dont les Gaulois, se faisaient un devoir de souligner le solstice d’été, qui se produit pourtant le 21 juin. En certains endroits, on allumait des feux pour célébrer l’événement. La fête païenne a été christianisée au IVe siècle, soulignant la nativité de Saint-Jean-Baptiste.

Au Canada, la tradition des feux aurait été perpétuée dès 1636 le long du fleuve Saint-Laurent. Le Journal des Jésuites mentionne même qu’en 1646, «le 23 juin se fit le feu de la Saint-Jean sur les huit heures et demie du soir. On tira cinq coups de canon et on fit deux ou trois fois la décharge des mousquets». Plus tard, vers 1850, l’historien Benjamin Sulte rapporte avoir vu des «feux qui se regardaient» de part et d’autre du fleuve Saint-Laurent.

De nos jours, les canons et les mousquets sont moins à la mode, mais les feux de joie et les feux d’artifice sont encore bien présents.

Au Portugal et en Laponie, on se rassemble autour de feux de joie. En Italie, on se baigne dans les cours d’eau et les fontaines en guise de purification. Les Espagnols descendent dans la rue pour célébrer la «noche de San Juan». En Norvège, la St Hans est l’occasion de passer la nuit dehors à boire et à danser. Les Norvégiens en profitent pour faire un brin de ménage parmi leur mobilier. Les bûchers ainsi créés atteignent jusqu’à trois mètres de haut, et les grandes agglomérations désignent même des responsables par quartier à qui elles distribuent des lances à incendie.

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Chez nous, la popularité de la fête vient du fait que saint Jean-Baptiste est reconnu comme étant le patron des Canadiens français. Le pape Pie X l’a d’ailleurs désigné ainsi en 1908.

Il existe une légende selon laquelle le journaliste et patriote Ludger Duvernay ait donné ce nom à la société nationale des Canadiens-Français, qu’il a fondée en 1834, en raison de la présence de nombreux Canadiens d’origine française qui portaient le prénom de Jean-Baptiste.

Même si de nos jours, elle est étroitement associée à la fête nationale des Québécois, la Saint-Jean-Baptiste demeure la fête de tous les Canadiens français. Même si les Acadiens ont leur propre fête nationale, ils célèbrent aussi la Saint-Jean-Baptiste. Et il est tout aussi légitime pour les Franco-Ontariens, les Franco-Manitobains, les Fransaskois, les Franco-Albertains, les Franco-Colombiens, les Franco-Yukonnais et les Franco-Ténois de célébrer le 24 juin.

Il faut en effet se rappeler que Saint- Jean-Baptiste demeure, sur le plan religieux, le patron spécial de tous les Canadiens-français. Mais le 11 mai 1977, le gouvernement du Québec décrétait que le 24 juin allait être désigné comme étant la «Fête nationale du Québec». La Saint-Jean-Baptiste, puisqu’elle coïncide avec cette date, devenait donc la fête nationale de tous les Québécois et Québécoises, c’est-à-dire de toutes les personnes qui résident sur l’ensemble du territoire du Québec, quelle que soit leur origine, leur langue, leur religion ou leur option politique.

Au Québec, il va sans dire que la fête a pris des airs hautement patriotiques au fil des ans. Les grands rassemblements de la fête nationale devenaient des tribunes privilégiées pour les souverainistes passionnés.

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Mais de plus en plus, c’est une occasion de se réunir et de festoyer en groupe, en famille ou en communauté. Et au Québec, c’est un petit congé de plus pour profiter des belles journées de juin…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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