Jean-Pierre Raffarin inquiet de la situation internationale «tordue»

L'ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, aux tribunes conjointes du Club canadien et du Canadian Club de Toronto le 3 octobre.
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Publié 05/10/2016 par François Bergeron

«Je suis très inquiet: rarement la situation internationale a été aussi tordue.» Venant de l’ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, aujourd’hui sénateur, qui s’exprimait lundi soir à la tribune du Club canadien de Toronto, l’avertissement doit être pris au sérieux.

S’adressant à un parterre de gens d’affaires comprenant notamment une délégation de jeunes entrepreneurs français en visite à Toronto et des membres du Canadian Club, avec qui le Club canadien organisait l’événement, ce vétéran de la scène politique française a souligné à la blague qu’il séjournait à l’hôtel Trump, mais que «l’incertitude» qu’engendre la campagne électorale américaine n’a rien de drôle.

Selon lui, on a aussi des raisons de s’inquiéter de «la concentration des pouvoirs» en Chine, des menées extérieures de la Russie «cherchant à compenser des insuccès à l’intérieur», du Brexit «qui mènera nécessairement à un accord inférieur à l’arrangement européen actuel», et bien sûr de la «complexité» de la situation au Levant et à l’anarchie qui risque de s’étendre à l’Égypte, la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc…

«Si nous perdons une jeune démocratie comme la Tunisie», demande-t-il, quelle chance avons-nous de rescaper quoi que ce soit dans tout le monde arabe et le Moyen-Orient?

En France, le débat politique est également marqué par «une recherche de solidité» après des attaques terroristes à répétition et dans ce contexte international préoccupant.

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Aux primaires de la droite le mois prochain, en vue de l’élection présidentielle du printemps 2017, l’ancien premier ministre Raffarin (2002-2005 sous le président Jacques Chirac) appuie la candidature de l’ancien premier ministre Alain Juppé (1995-1997 également sous Chirac), qui affronte entre autres l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Raffarin

Brexit

La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne pèse également sur la politique intérieure française et celle de ses voisins. «Nous ne pensions pas que l’Europe pouvait se déconstruire»… L’UE a été créée pour garantir la paix sur le continent: «est-ce la paix qui se déconstruit?»

On s’oriente plus que jamais vers deux Europe, dit-il: l’Europe intégrée de la monnaie commune et une Europe de marché, à laquelle continuera d’adhérer le Royaume-Uni, à géométrie variable.

Il estime que les Occidentaux recherchent encore «la stabilité du leadership américain», qui – il n’a pas eu besoin de le dire – pourrait être remise en question par l’élection de Donald Trump.

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Vantant toutefois les dynamismes américain et canadien, le conférencier a prévenu qu’«on a toujours tort de penser que les Américains ne peuvent pas faire face à leurs problèmes et rebondir».

Albatros

Président, en France, de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, Jean-Pierre Raffarin admire aussi la Chine, «qui ne fait jamais rien par hasard: ses dirigeants n’improvisent pas, ils pensent en fonction du long terme».

Il ne faut jamais sous-estimer l’intelligence chinoise, dit-il, en vantant la récente ouverture commerciale de la Chine vers l’Europe, une «route de la soie» représentant des investissements de 100 milliards $.

Comme de grands oiseaux qui ont besoin de deux ailes pour voler, image-t-il, le Canada a son aile américaine et son aile Europe-Asie-francophonie, l’Europe des ailes Afrique et Asie, les États-Unis des ailes atlantique et pacifique, et la Chine des ailes est et ouest. «L’avenir est à ces grands oiseaux», croit-il.

Jean-Pierre Raffarin connaît bien le Canada pour y être venu à plusieurs reprises. À la table d’honneur de l’hôtel Royal York, il côtoyait notamment l’ancien premier ministre québécois Jean Charest et la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Marie-France Lalonde.

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Le Canada, ajoute-t-il, est particulièrement favorisé par sa démographie et sa géographie: «il est yin et yang, nord-américain mais pas américain, il a plusieurs mondes en lui».

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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