Ancien rédacteur en chef du Magazine Maclean et fondateur de L’actualité (1976), Jean Paré est connu pour son style direct, pour ses analyses stimulantes et pour ses écrits qui sont toujours un antidote à la langue de bois. On retrouve ces mêmes qualités dans Le calepin d’Érasme, une série de brèves réflexions sur la littérature, la religion, l’histoire, l’économie, l’environnement, le bonheur ou les médias.
Ce qui m’a d’abord frappé dans ces carnets, ce sont les nombreuses courtes réflexions que je qualifierais de «phrases assassines». Je vous en propose quelques-unes. D’abord une question existentielle suivie d’une réponse terre-à-terre: «L’humanité va-t-elle survivre? Bien sûr que non. La vraie question, c’est jusqu’à quand.»
Puis ce commentaire coup-de-poing: «Un Américain, un Britannique, un Français ne doutent pas de ce qu’ils sont ni de leurs nécessités, forgées au fil des siècles. Le Québécois pense qu’il est un accident.»
Enfin, une remarque juteuse placée sous la rubrique La guerre de trois: «Les Canadiens veulent l’unité canadienne, les Québécois la dualité canadienne. Cela explique tout.»
Jean Paré écrit qu’un magazine a demandé à ses lecteurs d’indiquer le fait le plus important de l’histoire du Québec. Certains ont répondu: la rébellion de 1837 ou l’Expo 67, d’autres la Révolution tranquille ou la création du Parti québécois. Paré, lui, soutient «que le fait primordial de l’histoire du peuple québécois et déterminant sa situation géopolitique est la décision de Louis XV, en 1763, de conserver la Guadeloupe et la Martinique plutôt que le Canada. […] Tout notre destin s’est déterminé à partir de là. C’est probablement aussi le fait central du destin de la France et de la langue française.»