En parallèle à sa participation au Contact Ontarois se déroulant au théâtre Meadowvale de Mississauga en fin de semaine dernière, Jean-François Lessard a tenu à donner un concert unique au centre-ville de Toronto. Organisé au Tranzac, le spectacle a fait découvrir aux quelques personnes s’étant déplacées ce mardi 13 janvier, un artiste qui n’a pas la langue ni les idées dans sa poche, roi de la chute et doté d’une énergie qui n’est pas sans rappeler les plus grands noms de la chanson.
Lorsqu’un chanteur est habité par sa chanson, cela se voit. Jean-François Lessard vit ses compositions, il les joue avec sa guitare, sa voix, mais il fait également participer tout son corps, cela en deviendrait presque du théâtre. Chanteur troubadour, il a longtemps voyagé la guitare à la main, son unique ressource pour survivre.
Ancien étudiant de Science politique à Montréal, il s’est aussi engagé comme réserviste dans l’armée, avant de tout lâcher en 1998, sans même terminer son bac. «J’ai vite pété les plombs», avoue celui qui est souvent comparé à Plume Latraverse ou encore Richard Desjardins. S’en suit un voyage qu’il définit comme «une fuite de la réalité», qui durera quatre années durant lesquelles il traversera une vingtaine de pays en Europe et en Amérique du Sud. La jeune trentaine, Jean-François Lessard ne rentre pas dans les canons habituels de la chanson. Il n’est pas calme et soigné et se plaît dans un rôle d’empêcheur de tourner en rond. «Je ne peux pas m’empêcher de faire une critique, mais c’est pas négatif, il y a toujours une lueur d’espoir dans mes chansons.»
Avec ses cheveux longs, sa barbe pas rasée et ses petites lunettes rondes à la John Lennon, il ne faudrait pas beaucoup de temps pour l’imaginer en promoteur des droits de l’Homme, prêt à monter les barricades. Il le dit lui même dans ses chansons, «pour révolutionner le monde y’a pas d’secret, il faut faire la révolution». Mais il ne faudrait pas prendre Jean-François pour ce qu’il n’est pas. Il ne manquera pas de vous le rappeler à la fin de sa chanson: «J’ai trouvé comment changer le monde et j’aimerais bien vous dire comment… mais j’ai pas le temps…» L’art de la chute on disait…
Si Jean-François Lessard assume ses critiques sur la vie politique, le capitalisme, l’administration, il tient à ajouter: «Je n’ai pas de buts dans mes chansons, je fais ça pour contrebalancer tout ce monde qui est pour le statu quo.» Ah! Ce fameux statu quo également montré du doigt par le groupe les Cowboys Fringants dans leur chanson En berne: «Mais quand je r’garde ça aujourd’hui chu donc pas fier de ma patrie; ça dort au gaz dins bungalows le cul assis su’l statu quo.»