Comment se sent-on quand on est un problème?

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Publié 19/09/2006 par Angèle Bassolé

How does it feel to be a « problem »? Je ne peux m’empêcher de penser à cette question de W.E.B. Dubois, le précurseur avant le mot de la Négritude, à ses compatriotes quand je réfléchis à la situation du Noir dans le monde. Comment se sent-on en effet quand on est un problème?

Car partout dans le monde, le Noir n’apparaît jamais comme une solution mais bien comme un problème: Haïti, Darfour, Rwanda, Sierra Léone, Libéria, Côte d’Ivoire, États-Unis, Europe, Amérique latine.

Partout, que ce soit sur le plan politique, économique, social, l’image du Noir est celle d’une peinture pitoyable aux prises avec les affres de la vie. Quand ce n’est pas le racisme qui l’oppresse, c’est la misère, la dictature qui le broie.

Le présent n’a pas la couleur de l’arc-en-ciel et le désespoir se transmet de génération en génération. Comment se sent-on quand on est un problème?

Haïti, libre depuis 200 ans se démène encore contre tout: violence, pauvreté, instabilité. Au Darfour, c’est un autre génocide, tout le monde observe mais rien n’est fait. Et pourtant, le génocide rwandais est toujours présent dans les mémoires.

Les guerres civiles libériennes et sierra-léonaises avec leurs lots de manchots, d’estropiés dus à l’inhumaine violence des uns et des autres font encore frémir.

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Plongée dans un état de non-paix, non-guerre, la Côte-d’Ivoire, jadis prospère et stable, est devenue le pays de l’incertitude dans lequel même la communauté internationale est impuissante à ramener la quiétude. Et non content de s’entre-déchirer, ce pays est devenu un dépotoir où se déversent les déchets toxiques de certains pays occidentaux.

Aux États-Unis, les dégâts de l’ouragan Katrina sont venus démontrer – si besoin en était encore – que tous les hommes ne naissaient pas égaux. La réponse tardive de l’administration Bush à répondre adéquatement à cette catastrophe a eu pour conséquences la mort en masse et la destruction de quartiers entiers. Mais après tout, ce ne sont que des Noirs qui habitaient là. So, don’t act.

Les images de rescapés et de morts africains sur des rafiots de fortune pour gagner l’Europe, vue encore comme l’eldorado par des jeunes désabusés de leur continent, défilent à longueur de journée sur nos écrans de télévision. Les Noirs en Amérique latine font partie des classes les plus pauvres, au bas de l’échelle sociale.

Comment se sent-on quand on est un problème? Je continue à y réfléchir.

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